Article rédigé par Nicolas Bonnal, le 04 avril 2008
L'actrice française Marion Cotillard, récent vainqueur des oscars à Hollywood (au cours d'une cérémonie très peu suivie par le public), vient de déclarer qu'elle pensait que les attentats du 11 septembre étaient le fruit d'un complot.
Elle le déclare sur Première à Thierry Ardisson, lequel avait déjà donné il y a six ans la parole à Thierry Meyssan, lui permettant de faire de l'Effroyable imposture un best-seller français et même international. Pour Meyssan, le 11 septembre était le fruit d'une conspiration ourdie par le lobby militaro-industriel américain, ainsi que par l'extrême-droite du parti républicain.
Marion Cotillard n'est pas isolée dans le monde du show-bizz. L'acteur Charlie Sheen a lui aussi mis en doute l'existence du complot d'Al Qaida, en incriminant l'incident du Pentagone et les capacités trop extraordinaires des pilotes terroristes chargés de l'exécution du crime ; il a été accompagné par un autre acteur, James Brolin, qui jouait des rôles dans Hotel et la série militaire Sarasota. Enfin, un des plus grands cinéastes vivants, David Lynch, a lui aussi remis en cause en Hollande, analyse de l'image à l'appui, la thèse de l'écrasement de l'avion contre le bâtiment militaire américain. Et j'en oublie.
L'avocat de Marion Cotillard, craignant bien sûr pour la carrière internationale de sa cliente, a opposé un démenti fervent. Il y a quelques années déjà, Johnny Depp avait dû présenter des excuses publiques et réaffirmé son patriotisme à propos d'une guerre, celle d'Irak, qu´il avait dénoncée violemment auparavant. Depuis, il a incarné trois fois le héros de Pirates des caraïbes, métaphore involontaire (à mon goût) sur les Hedge Funds des îles Caïman, qui ont coulé l'économie américaine et peut-être mondiale...
Les acteurs sont souvent de gauche (voir le comportement de Sophie Marceau qui ne voulait pas être sur le même plateau que Jean-Marie Le Pen) et parfois inconscients de leur propos, comme s'ils pensaient qu'ils tournaient encore dans un film. En 1978, la britannique Vanessa Redgrave avait dénoncé les voyous sionistes qui l'avaient sifflée lors de la remise de son trophée des oscars pour son admirable prestation dans Julia (où elle jouait pourtant le rôle d'une opposante au régime nazi !). Plus près de nous, on peut citer Juliette Binoche, qui avait défendu les Palestiniens au cours d'un débat houleux avec l'infatigable Alain Finkielkraut. Et elle aussi venait d'être oscarisée pour son rôle d'infirmière dans le Patient anglais... Il faut croire que la statuette inspire... C'est sans doute son design années 30...
En réalité, on pourra criminaliser et sanctionner les négationnistes de tout poil et de tout sujet, on ne pourra pas remettre en doute les faits suivants : La société du spectacle repose sur des images auxquelles on fait dire ce que l'on veut (la poignée de main refusée par Hitler à Jesse Owens qui n'est qu'un effet de montage : Hitler ne serrait la main qu'aux athlètes allemands) et que l'on peut fabriquer à volonté : l'exemple de Forrest Gump qui serre la main à Kennedy ou Nixon nous le confirme.
L'accumulation quantitative d'images fait que les gens se moquent de ce qu'ils voient. Ils deviennent insensibles, ce qui peut être une conséquence physique ou un effet voulu par le système (on retomberait alors dans la conspiration), et tous les partisans du devoir de mémoire se heurteront au mur de Berlin de l'indifférence contemporaine, saturée d'images et de scénarios fous, de conspirations et de démentis. Le techno-beauf se fiche finalement de la shoah ou du 11 septembre comme de l'an 40. Dans un monde où l'on ne peut plus être sûr de rien, on ne croit plus en rien. C'est l'ère numérique et virtuelle qui aura permis l'avènement du nihilisme prophétisé par Nietzsche. Et c'est pour cela que les glaciers continueront à fondre et les forêts tropicales à disparaître, et que les experts continueront à se battre pour savoir à qui la faute ...
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