Article rédigé par Jean-Régis Fropo*, le 24 avril 2008
Jusqu'en 1960 a prévalu en France une certaine compréhension des rapports de l'homme et de la femme fondée sur la parole de la Bible : Dieu créa l'homme à son image, à l'image de Dieu, il le créa, homme et femme, il les créa (Genèse 1, 27) ; Soyez féconds, multipliez-vous (1, 28).
Depuis deux mille ans, les baptisés et l'Église ont interprété ces paroles comme fondatrices du couple humain et de la famille monogame. L'homme et la femme sont appelés à s'unir dans une alliance d'amour irrévocable vécue dans la fidélité et la fécondité. Cette alliance étant le signe vivant de l'Alliance d'amour conclue entre Dieu-Amour et les hommes, révélée au peuple d'Israël, puis d'une manière universelle, pour tout homme, en Jésus-Christ.
En conséquence, les rapports entre l'homme et le femme étaient fondés sur le respect mutuel et éclairés par la loi divine, notamment ce qui subsistait de la Loi donnée par Moïse (Exode 20, 1-17), l'Évangile (Mat 19, 1-9) rétablissant le mariage dans toute sa dignité : cela excluait tout rapport sexuel hors mariage, la polygamie, la répudiation et le divorce ainsi que la pratique des rapports homosexuels. Elle dénonçait l'adultère et les autres déviations sexuelles comme des péchés graves.
Certes, la faiblesse et le péché des hommes ont entraîné des transgressions de cette loi. Mais à tout homme et femme de bonne volonté, elle était proposée et enseignée d'une manière claire et avec toute l'autorité de Dieu lui-même, non seulement par l'Église catholique mais par l'ensemble des institutions civiles en France.
Une liberté devenue folle
Quarante ans de révolution sexuelle , de culture de la transgression , de licence et de permissivité , de démission coupable de la part des responsables sociaux et politiques et parfois religieux, des campagnes de presse habilement orchestrées, ont mis à mal ces conditions heureuses de l'union conjugale. Au nom d'une liberté devenue folle, on a qualifié de tabou toute règle pouvant informer et guider le comportement humain.
Citons pour mémoire, les multiples attaques contre la famille, un féminisme radical et exacerbé, les attaques contre la vie naissante et finissante. Nous recueillons aujourd'hui les fruits pourris de cette déliquescence des mœurs et de ces législations injustes : Le nombre des mariages qui étaient de 450.000 en 1970 est tombé à peine à 240.000. Et il y a un divorce sur trois en moyenne, un sur deux en région francilienne. La principale raison de la crise du logement en France...c'est le divorce : chaque année, il faut trouver environ 100.000 logements supplémentaires, suite à la rupture des couples !
En 2006, 76.000 PaCS ont été conclus entre personnes dont le sexe n'est pas précisé. Rappelons que ce contrat , à durée indéterminée, peut être dénoncé unilatéralement par un des partenaires .
La généralisation des unions de fait : cohabitation, concubinage, union libre ...quelque soit le nom qu'on lui donne, ces unions précaires sont instables et soumises à tous les aléas des changements d'humeur et de crises dans le couple, avec toutes les conséquences graves pour les enfants.
Le sort malheureux des enfants nés dans ce contexte de couples à durée aléatoire ou victimes du divorce de leurs parents : il est prouvé aujourd'hui que les enfants du divorce sont plus souvent en échec scolaire et souffrent de véritables dépressions à l'adolescence. Par ailleurs, 51 % des enfants qui naissent aujourd'hui en France naissent hors mariage : enfants ballottés d'une famille décomposée à une famille recomposée ou élevés par un parent seul. Il y a en France, deux millions de familles monoparentales , dont 90 % à charge d'une femme seule, avec un ou deux enfants. Avec des revenus de l'ordre de 1.000 euros par mois, c'est-à-dire au seuil de pauvreté , bon courage !
La démission des hommes et des pères , père-copain ou père-absent : cinq ans après un divorce, 50 % des enfants n'ont plus de rapport avec leur père géniteur. D'honnêtes (!) pères de famille passent des heures à regarder des films pornographiques sur l'Internet et exigent de leur femme de se livrer à des pratiques sexuelles déviantes et humiliantes.
Les attaques contre la vie naissante : 220.000 avortements par an avec les conséquences graves sur les femmes, car l'avortement fait deux victimes : l'enfant et sa mère. En trente années de pratique de la loi banalisant l'avortement, ce sont 4 à 5 millions de mères qui vivent le traumatisme de ce geste mortifère. En 2006, un million de boîtes de Norlevo (pilule du lendemain) ont été vendues en France...cela en dit long sur le niveau moral des Français !
La menace d'une loi qui autoriserait l'euthanasie des personnes en fin de vie est sans cesse remise à l'ordre du jour (est-ce qu'on leur a demandé leur avis à elles ?).
Une soi-disant information sexuelle , de type vétérinaire , diffusée obligatoirement dans les collèges et lycées par des cours et des brochures officielles qui sont une incitation à faire des expériences de toutes les manières possibles. Résultat : 89 % des jeunes filles de 15-20 ans utilisent une contraception, ce qui n'a empêché pas 11.000 adolescentes d'avorter en 2007 (45 % d'entre elles auront un cancer du sein à 40 ans...).
Le développement des violences en tous genres, mais surtout à connotation sexuelle : un femme sur dix avoue être battue par son mari ou son compagnon . Le nombre des enfants violentés par leurs parents ne cesse d'augmenter, ainsi que les cas de pédophilie et d'inceste. À Paris, en 2005, le nombre des agressions sexuelles (ayant fait l'objet d'une plainte...) a augmenté de 37 %. À titre d'exemple, en 2006, le tribunal de grande instance de Bobigny (93) a traité 10.500 plaintes pour agressions diverses : tentative de viol, harcèlement, etc.
Les violences en milieu scolaire atteignent une soixantaine de cas graves chaque mois, avec dépôt de plainte pour injures et coups portés à des enseignants.
L'explosion de la pandémie du Sida : en 2006, 6.300 nouveaux cas de personnes infectées ont été recensés. Mais on continue à faire croire que le préservatif est fiable à 100 % ce qui est faux à l'évidence : le Quotidien du Médecin du 28 mars 2008, parlant du préservatif, avoue que son efficacité est bien moins importante que les méthodes hormonales . On en conclut que le préservatif est peu efficace pour arrêter un spermatozoïde... mais on continue à affirmer qu'il est efficace à 100 % pour arrêter le virus du Sida (qui est 400 fois plus petit qu'un spermatozoïde !).
La télévision et le haut-débit sur l'Internet qui ont développé dans des proportions incalculables le voyeurisme pornographique : à 14 ans, 61 % des garçons ont vu au moins un film pornographique dans l'année. Et 62 % des 14-18 ans, 80 % de garçons et 45 % des filles, ont regardé des images pornos durant les douze derniers mois. De très jeunes filles ont fait des tentatives de suicide après avoir regardé pour la première fois un film porno : Le porno, c'est la théorie, le viol, c'est la pratique.
Et l'on pourrait, hélas, continuer longtemps sur ce registre afin de dénoncer la souffrance des enfants innocents, l'égoïsme et l'inconscience des adultes pour lesquels l'hédonisme est devenue une religion, la démission des élites et parfois des clercs qui ont renoncé à dénoncer ces désordres.
Ne soyez pas dans l'illusion : Dieu ne se laisse pas narguer. Car ce que l'homme sème, il le récolte. Celui qui sème dans la chair récoltera du péché la corruption ; celui qui sème dans l'Esprit récoltera ce que produit l'Esprit : la vie éternelle (Galates 6, 7-8). L'Écriture dit aussi : Le sort de l'homme est de mourir une seule fois, et après vient le Jugement (Hébreux 9, 27).
*Jean-Régis Fropo est prêtre du diocèse de Fréjus-Toulon, il vient de publier avec le Dr Florence Allard Le Traumatisme post-avortement (Salvator, 2007).
Sources des chiffres cités : AFP, INED, Inserm.
■ D'accord, pas d'accord ? Envoyez votre avis à l'auteur
■