Article rédigé par La Fondation de service politique, le 12 juillet 2002
Le gouvernement américain vient d'annoncer le déblocage de près de 30 millions de
dollars pour organiser des sessions visant à inciter les adolescents américains à l'abstinence sexuelle jusqu'au mariage. Durant sa campagne, le président américain George W.
Bush avait promis de gonfler jusqu'à 135 millions de dollars le budget annuel pour les programmes d'éducation sur l'abstinence sexuelle. Ces programmes qui ont pour objet de limiter les grossesses d'adolescentes sont critiqués par l'opposition qui voudrait privilégier la contraception. " Le gouvernement ne devrait pas dévaloriser les enfants en présumant qu'ils sont incapables d'agir de manière responsable ", avait expliqué George Bush. " Nous devons promouvoir les bons choix. "
L'annonce faite par le secrétaire à la Santé Tommy Thompson porte sur la mise en place de 95 nouveaux financements totalisant 27,7 millions de dollars, qui iront à des églises, écoles ou centres de santé. Cette initiative serait suivie d'une deuxième vague de financements à l'automne 2002.
Les organismes soutenus par l'État ont pour mission d'enseigner que " l'activité sexuelle en dehors du mariage risque d'avoir des conséquences psychologiques et physiques nuisibles ". Défendant la position de l'administration Bush lors du récent sommet des enfants de l'ONU, Tommy Thompson avait expliqué : " L'abstinence est la seule façon d'éviter les maladies sexuellement transmissibles, les grossesses précoces, et les difficultés sociales et personnelles liées à une activité sexuelle n'entrant pas dans le cadre du mariage. "
On estime que la moitié des jeunes Américains entre 15 ans et 19 ans ont une vie sexuelle. Même s'il a diminué ces dernières années, le taux de grossesses d'adolescentes reste aux États-Unis le plus élevé des pays développés, deux fois plus élevé qu'en Angleterre, quatre fois plus qu'en Allemagne, six fois plus qu'en France et huit fois plus qu'aux Pays-Bas, selon le Planning familial américain. Chaque année, un million d'adolescentes sont enceintes aux États-Unis.
L'ACLU, organisme de défense des libertés civiles, dénonce pour sa part comme " lourdement irresponsables " des programmes qui empêchent les enseignants d'aborder les questions de contraception. " Certains adolescents ne vont pas écouter le message d'attendre jusqu'au mariage " a expliqué à l'AFP Catherine Weiff, responsable à l'ACLU. " Et nous devons les protéger. C'est plus important que de promouvoir une idéologie, un idéal ou une pureté morale. "
Or la loi fédérale en vigueur est formelle : l'argent débloqué par Washington ne doit pas être utilisé pour évoquer les moyens de contraception, mais seulement pour convaincre les adolescents que les rapports sexuels en dehors du mariage ont des conséquences dommageables. " Les programmes d'éducation sur l'abstinence créent au sein des communautés un environnement soutenant les adolescents dans leur décision de demeurer abstinent jusqu'au mariage ", a déclaré le secrétaire à la Santé.
Il reste que la politique du gouvernement fédéral procède d'une prise de conscience qui se généralise. De plus en plus de jeunes Américains attendent le mariage avant d'avoir des relations sexuelles. Pour être fidèles à leur engagement, ils se regroupent dans diverses associations. Le mouvement des adolescents et des jeunes adultes qui prônent l'abstinence ne cesse de grandir. Une étude du Centre de contrôle des maladies transmissibles sexuellement, basé à Atlanta, révélait récemment que plus de la moitié des grands élèves des écoles secondaires étaient toujours vierges à l'obtention de leur diplôme, contre 46 % il y a dix ans. La pulpeuse princesse de la musique pop Britney Spears serait le porte-étendard de cette " contre-révolution " sexuelle.
Au Canada, les associations pro-chasteté commencent à voir le jour. " Avec la chasteté, il y a beaucoup de chances que le mari reste fidèle dans le mariage par la suite ", déclare Katerine au journal La Presse. " Je pense, ajoute Stéphanie, que les enfants qui naîtront du couple seront davantage aimés par leurs parents, qui auront pris le temps de créer un espace d'amour pour eux. "