Article rédigé par Gianluca Arrigoni, le 18 mars 2005
La semaine dernière, le tribunal de grande instance de Paris a donné raison à la Conférence des évêques de la France qui, par le biais de l'association Croyance et Libertés avait demandé que soit retirée une grande affiche présentant une parodie de la Dernière Cène de Léonard de Vinci.
Sur l'affiche, bien visible à Neuilly-sur-Seine, la banlieue chic de Paris, figurent en lieu et place de Jésus et des douze apôtres, douze jeunes femmes vêtues sous la marque de l'annonceur autour d'un homme, le dos nu, enlacé à l'un(e) des apôtres.
La décision du tribunal a été jugée scandaleuse et obscurantiste par de nombreux commentateurs. Un scandale recherché par la marque, probablement.
Au tribunal, l'avocat de la maison d'habillement a fait un constat : "Dans les musées, de nombreuses œuvres d'art montrent le Christ nu. Personne ne demande qu'elles soient interdites." Sur ce registre, l'avocat de l'agence publicitaire a montré une copie de la Cène par Andy Warhol : "Ce tableau est au Guggenheim de New York ! Il n'est pas interdit !" C'est si vrai que nous ajoutons qu'au cours des siècles, Le Cénacle de Vinci a inspiré, c'est peu de le dire, La Dernière Cène d'Andrea Del Santo ou celle de Jacopo Bassano, ou encore celle de William Blake.
Mais qu'y a-t-il de commun entre ces oeuvres d'art et une affiche publicitaire dont l'objectif est de vendre des vêtements et des accessoires de mode ? Rien, comme l'affirme le tribunal : "L'injure aux catholiques apparaît disproportionnée par rapport au respect de l'objectif commercial recherché."
Une idée exprimée avec l'ironie piquante du représentant de l'épiscopat, l'avocat Thierry Massis : "Si on continue ainsi, demain, on fera vendre des chaussettes au Christ en croix." Alors, à ceux qui dans cette affaire parle d'obscurantisme, il convient de rappeler le slogan répété chaque année par la gauche française : L'art n'est pas une "marchandise."
N'est-ce pas le socialiste Lionel Jospin, premier ministre du gouvernement dit de la gauche plurielle, qui affirmait en mai 2001 que "la diversité des cultures est un des éléments les plus précieux du patrimoine de l'humanité" et que pour cela, elle devait être protégée contre les lois du marché ?
© Tempi, traduction française Décryptage.
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