Article rédigé par Charles le Lien, le 14 juin 2002
La dépression qui saisit actuellement les marchés boursiers se traduit par un regain d'intérêt pour l'or. Depuis janvier, l'once a gagné près de 20 pour cent. Le métal jaune serait-il en train de retrouver son statut de valeur refuge ?
En effet apparemment dans l'univers des placements possibles et dans le contexte boursier et monétaire contemporain, l'or qui semblait, même en période de crise (1987 par exemple), avoir perdu son statut de valeur refuge le retrouve au détour des événements.
Pour les partisans d' un nouvel étalon-or comme seule solution monétaire sérieuse et à la hauteur des enjeux, et donc en considérant l'or d'un point de vue monétaire, ce mouvement est assez peu significatif, car la baisse prolongée de l'or ne changeait rien à son intérêt sur le très long terme où se joue l'essentiel sur ce plan.
"Toutefois", ce rôle retrouvé de valeur refuge de l'or, au moment où les bourses baissent et les grandes monnaies ont un avenir incertain, confirme son caractère de conservateur de pouvoir d'achat sur le long terme, qui en fait un bien monétaire par nature (non décrété), puisque ce genre de bien est naturellement accepté par tout un chacun en contrepartie d'autre chose.
La perte du lien avec l'or ouvre le chemin à des biens monétaires imposés (c'est le "cours forcé" des monnaies qui circulent aujourd'hui partout dans le monde) ou "fiat currencies" (selon le terme anglo-saxon révélateur) qui sont sur le long terme de moins bons conservateurs de pouvoir d'achat, donc de moins bonnes monnaies pour les gens.
En ce sens, la hausse de l'or valeur de placement qui ne produit pas d'intérêt vient caresser la "vérité monétaire" abandonnée par les nominalistes contemporains qui prétendent pouvoir créer des équivalents ex nihilo, à la condition qu'ils soient gérés par des banques centrales indépendantes. Or celles-ci ne suffisent pas à la tâche et ne peuvent y suffire puisque, en tant que banques d'États (ou de sa préfiguration dans le cas européen), elles ne "peuvent" pas être indépendantes comme le FED le démontre chaque jour. Banque centrale indépendante est on le voit une "contradictio in terminis".
Le régime de la monnaie (convertible ou non en un actif réel comme l'or) a beaucoup plus d'importance que le statut des banques d'émission, comme le montre bien le statut de " dépendance " de la Banque de France qui n'a pas empêché la stabilité séculaire du pouvoir d'achat du franc germinal or tout au long du 19 ème siècle et jusqu'en 1914, alors que le statut d'indépendance de la BUBA n'a pas empêché le glissement du pouvoir d'achat du Deutsche Mark inconvertible de 1948 à 1999.