Le questionnaire catholique sur l'élection présidentielle est mort, merci Seigneur
Article rédigé par Austin Ruse*, le 26 octobre 2004

Le questionnaire présidentiel de la conférence des évêques catholiques américains (USCCB) est mort. Mais ne pleurez pas. Sa mort est une bonne chose, non simplement pour les catholiques, mais pour tous ceux qui craignaient que le candidat Kerry obtienne une protection officielle de l'Église pour sa position pro-avortement.

 

Le questionnaire est présenté tous les quatre ans par l'USCCB aux candidats des principaux partis. Il a pour objet d'aider les électeurs catholiques à déterminer quel candidat reflète le mieux les enseignements de l'Église. Les éditions précédentes du questionnaire ont montré que des candidats pouvaient prétendre que, bien que favorables à l'avortement, ils méritaient toujours les voix des fidèles catholiques parce qu'ils avaient des positions justes, c'est-à-dire libérales - sur le contrôle des armes, l'environnement, l'immigration, et le salaire minimum.

"Oui à la sécurité des pistolets"

Mais ce questionnaire pose de nombreux problèmes. D'abord, il est quasiment garanti qu'à sa lecture, le pratiquant moyen ne comprendra plus rien à l'enseignement de l'Église catholique. Une des questions posées est de savoir si le candidat à l'élection présidentielle est favorable ou défavorable au cran de sécurité pour enfants sur les pistolets. Bon, quelle est la position de l'Église catholique à ce sujet ? Est-ce la position de l'Église catholique que les enfants ne tuent pas accidentellement leurs amis ? Ou bien est-ce la position catholique que le chef de famille doit avoir un accès rapide à un fusil pour protéger son enfant menacé ?

Une autre des questions est de savoir si le candidat soutient ou s'oppose à l'augmentation du salaire minimum de $5.15 à $7.00 l'heure. Évidemment, l'église demande que les ouvriers soient payés justement pour leur travail. Mais pourquoi faut-il traduire cela en terme d'augmentation du salaire minimum à 7.00$ ? Pourquoi pas 6.99$?

Une autre question adressée aux candidats porte sur la suppression des subventions du gouvernement aux grandes fermes pour réorienter l'argent vers les "nouveaux fermiers et propriétaires de ranch" à faible revenu. L'Église enseigne-t-elle vraiment une préférence pour les nouveaux fermiers par rapport aux anciens ? L'Église enseigne-t-elle une préférence pour les petites fermes par rapport aux grandes ? Très petites ? Ou moyennement petites ?

Naturellement, nous connaissons les réponses "correctes" à ces questions, au moins selon les laïcs politiquement libéraux de l'USCCB. Oui à la sécurité des pistolets, oui au salaire minimum plus élevé, oui aux subventions de gouvernement pour les petites fermes. Mais, vraiment, est-ce là la question ?

Avant de poursuivre, je veux être parfaitement clair. Je ne critique pas les évêques. Les évêques n'ont pas créé ce questionnaire. Les évêques ne l'ont pas publié. Il est probable que quasiment aucun évêque ne l'ait même vu avant ou après sa publication. Pourquoi les évêques ont-ils laissé une telle situation se produire est une question sans réponse. Mais le fait demeure qu'une cabale de laïcs de gauche — qui occupe les postes du bureau des relations avec le gouvernement de l'USCCB – ont créé ce questionnaire. Mais les catholiques sont libres d'être en désaccord avec le personnel de l'USCCB sur chacune de ces questions. Les catholiques peuvent licitement favoriser un salaire même minimum inférieur aux $5.15 actuels. Les catholiques peuvent soutenir une liberté plus grande du port d'arme. Et les catholiques peuvent soutenir les fonds fédéraux allant exclusivement "aux fermes des grandes sociétés".

"Brouiller l'enseignement de l'Église"

Prétendre autre chose, comme le fait le questionnaire, rend confus pour le catholique moyen les enseignements officiels de l'Église. Mais cela semble faire partie du projet, mettre au même niveau ces questions et ce que les catholiques doivent croire. Il y a une différence entre les enseignements qu'un catholique doit croire, appelés doctrinaux, et les sujets soumis à débat, dénommés prudentiels. Il est doctrinal pour les catholiques de servir les pauvres. Mais il est prudentiel et donc discutable de savoir quels politiques les servent le mieux. Réductions des impôts ou augmentation de salaire minimum ? Les catholiques sont libres de décider.

Mais les réductions des impôts ne font pas partie de ce questionnaire. Ce qui apparaît dans ce questionnaire, ce sont les choix politique des démocrates. Le personnel de la conférence épiscopale prétend que ces questions reflètent les priorités législatives des évêques et que celles-ci sont issues de l'enseignement catholique. Mais si des conservateurs avaient été embauchés par l'USCCB, des questions différentes auraient été posées – et elle auraient reflété également l'enseignement social catholique.

Sans compter la nature confuse de ces questions vis-à-vis de l'enseignement officiel de l'Église, il faut se demander également comment ce questionnaire serait utilisé. Il n'y a pas si longtemps, le sénateur démocrate Richard Durbin a préparé un scorecard législatif élaboré en utilisant les mêmes priorités législatives des intrigants d'USCCB. La liste a inclus les propositions démocratiques de tout le monde et Durbin a découvert — le voilà ! — que John Kerry était le meilleur catholique du Sénat ! Le programme de John Kerry est ouvertement hostile aux enseignements doctrinaux de l'Église concernant la dignité de la vie. Il soutient l'avortement à la demande, l'avortement tardif (au moment de la naissance- Ndt), la recherche sur les cellules souches embryonnaires, et le clonage humain. On peut pratiquement entendre les gauchistes de l'USCCB avouer que "néanmoins, nous devons trouver une manière de travailler avec cet homme, excellent par ailleurs".

Le fait est que les libéraux de l'USCCB font tout ce qu'ils peuvent pour éviter la question de la culture de la vie. Et ils font cela en mettant constamment en avant des questions d'ordre mineur. La sécurité pour enfants sur des pistolets ? Franchement, à côté du problème de l'avortement, cette question est risible.

Bonne nouvelle pour la culture de vie

La bonne nouvelle, c'est que les choses commencent à évoluer. Ce questionnaire stupide a été retiré. Ces années passées, de plus en plus d'évêques ont commencé à s'exprimer haut et fort contre le scandale des politiciens catholiques favorables à l'avortement. Les évêques ont unanimement voté en juin contre la possibilité de donner la communion au politiciens favorables à l'avortement.

Des lézardes se font jour dans la façade de la bureaucratie laïque de type soviétique de la conférence épiscopale. Certains évêques s'agitent. Comme des paysans qui se révoltent contre leur maître, un nombre croissant d'évêques jeunes, orthodoxes et énergiques, ont commencé à gravir la montagne.

Et la candidature de J. Kerry leur a donné une occasion inespérée. La candidature de J. Kerry est un don de Dieu pour son Église. Un mauvais catholique candidat à l'élection présidentielle a permis de faire apparaître les contradictions internes des gauchistes de la conférence épiscopale qui soutiennent des démocrates favorables à l'avortement, parce qu'ils se trouvent être favorables au contrôle des armes.

Les catholiques et les autres peuvent se réjouir et applaudir la mort du questionnaire, au moins pour cette élection. Ils peuvent également espérer que cette mort crée de plus profonds changements à l'intérieur de la conférence épiscopale, que Henry Hyde appela un jour "le parti démocrate qui prie".

*Austin Ruse est président de la Fondation pour la culture de la vie (Washington).

© Traduction Décryptage

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