Article rédigé par Décryptage, le 16 septembre 2006
Le nouveau secrétaire d'État du Vatican, le cardinal italien Tercisio Bertone, 71 ans, a pris officiellement ses fonctions ce vendredi 14 septembre au cours d'une cérémonie présidée par le pape Benoît XVI et en présence des plus hauts responsables de l'Église catholique.
Avec l'arrivée de celui qui fût archevêque de Gênes, et surtout le bras droit du cardinal Ratzinger lorsque celui-ci était préfet pour la Congrégation pour la doctrine de la foi de 1995 à 2002, Benoît XVI donne un tournant décisif à la réorganisation de la curie.
Un Français bon connaisseur de l'islam à la tête de la diplomatie
Première annonce, c'est un Français, Mgr Dominique Mamberti, qui va remplacer l'Italien Giovanni Lajolo au poste de secrétaire pour les realations avec les États, le "ministre des Affaires étrangères" du Saint-Siège. L'homme que Benoît XVI a choisi pour seconder le cardinal Bertone, est un diplomate de 54 ans, qui connaît très bien le monde musulman. Ce choix montre que rien n'est laissé au hasard dans la hiérarchie des priorités définies par le pape, quelques jours après la polémique provoquée par le discours de Ratisbonne. Né à Marrakech, au Maroc, le 7 mars 1952, diplômé d'études politiques et de droit public, ordonné prêtre en 1981, Mgr Mamberti a fait son entrée au service diplomatique du Saint-Siège en 1986. Depuis 2002 nonce apostolique au Soudan, en Erythrée et en Somalie, il a fait l'essentiel de sa carrière comme représentant du Vatican en Algérie, Chili, Liban ainsi qu'aux Nations-unies.
Quant aux orientations que suivra la réforme du Saint-Siège, dans les organes de gouvernement et de conseil, le cardinal Bertone les a lui même confirmés dans un entretien au quotidien italien Il Giornale, le 29 août dernier. Son propre rôle tout d'abord : il sera davantage secrétaire de l'Église que secrétaire d'État, plus spirituel que politique. Sa mission est d'être une courroie de transmission pour le pape Benoît XVI, au service de la mission de l'Église, "annoncer l'Évangile dans sa totalité"
Ce salésien piémontais connaît bien Benoît XVI dont il a été le secrétaire au sein de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi. et son tempérament le rend tout proche des points de vue et de la manière d'agir du pape. Comme lui, c'est un optimiste plein de finesse et d'humour, en même temps qu'un théologien subtil qui se refuse à des positions abruptes. D'ailleurs il rappelle que la méthode de travail de Benoît XVI est très collégiale, avec une grande capacité de poser des questions, d'être attentif au détail comme à l'essentiel, d'écouter, de valoriser les talents de chacun, aussi bien du plus jeune ou du dernier arrivé.
Renforcer la Doctrine de la foi
Quant à la réorganisation de la curie, il rejoint la pensée de Benoît XVI qui est d'équilibrer les pouvoirs de la Congrégation pour la doctrine de la foi et les services de la secrétairerie d'État, cette dernière ayant pris un poids considérable jusque dans les relations interreligieuses et même œcuméniques. Sans en préciser les modalités, il estime qu'elle doit être plus souple.
Le même jour, le cardinal confirmait indirectement l'orientation qu'il donnerait à l'exercice de sa mission en livrant une méditation sur l'Église et la dimension mariale du ministère de Pierre au service de tous les baptisés. Dans le sanctuaire de la Madone de la Guardia, au nord de Gênes, le futur secrétaire d'Etat commentait en particulier cette réflexion du grand théologien suisse, le cardinal Hans Urs von Balthasar : "L'élément marial gouverne de façon cachée dans l'Église, comme la femme dans le foyer domestique."
Rappelant que le pape a choisi comme priorité pastorale "d'édifier l'Église dans la charité comme communion d'amour", il soulignait que "le principe marial pousse, guide et aide, puissamment, à sa façon, à construire l'Église en tant que communauté d'amour".
Et le cardinal achevait sa méditation par une réflexion sur l'unité des baptisés autour de Pierre, dans la continuité historique entre le collège des évêques et les premiers apôtres – vérifiée sur la base de la communion avec celle de Rome – dans la tradition de la commune foi apostolique. "Ce que représentent les apôtres dans la relation entre le Seigneur Jésus et l'Église des origines, la succession ministérielle le représente de façon analogique dans le rapport entre l'Église des origines et l'Église actuelle." Le théologien qui est aussi un pasteur concluait : "À travers la succession apostolique, c'est alors le Christ qui nous rejoint [...]. Le Christ lui-même est le vrai pasteur et le gardien de nos âmes, que nous suivons avec une grande confiance, une grande gratitude, une grande joie."
Sources : Infocatho, Zenit.org
■ D'accord, pas d'accord ? Envoyez votre avis à Décryptage
■