Mondialisation sans peur
Article rédigé par Thierry Boutet, le 28 octobre 2010

À François Martin, un éditeur avait prédit : Votre livre n'intéressera personne. Quelques mois après, la crise est venue et les livres sur la mondialisation ont fleuri. Pourtant les bons bouquins sur la question demeurent relativement rares. Si le sujet vous passionne, ne manquez pas celui de François Martin.

Comme il le dit lui-même avec beaucoup de modestie, ce livre n'est pas un livre de spécialiste ou d'expert, mais un livre pédagogique qui dédramatise la mondialisation . Son auteur n'est pas en effet un fonctionnaire international, qui a fait sa carrière dans les bureaux des grandes institutions internationales à New York, Genève, Bruxelles ou Paris, mais un ancien élève de l'ESSEC et de l' executive MBA CPA du groupe HEC. Devenu spécialiste du commerce international, en particulier de l'agro-alimentaire international, il parle six langues et a visité plus de cent pays.
Cette expérience exceptionnelle lui permet de faire une présentation de la mondialisation fort documentée et loin des présupposés idéologiques, y compris libéraux que l'on rencontre habituellement dans ce genre d'ouvrage.
La mondialisation fait en effet partie de ces mots inlassablement répétés mais souvent vides de sens, faute d'en connaître la réalité.
Celle-ci est évidement complexe. L'état des lieux — critique — que François Martin en donne, en particulier dans sa première partie, devrait être lu avec attention par tous ceux pour qui la mondialisation est un système que l'on subit, faute de pouvoir y échapper et par tous ceux dont les recettes ont largement contribué à précipiter la crise.
Au quotidien
François Martin est le contraire d'un idéologue, mais il a sa vision des choses, celle d'un homme qui a beaucoup voyagé et qui n'en aime que plus la France, celle d'un homme de terrain que la prospective ne rebute pas. Dans la seconde partie du livre, il propose plusieurs scénarios possibles et en troisième partie, des pistes de solution.
Un livre, très documenté, dense, médité et à méditer, qui s'adresse à ceux qui ne connaissent rien à la mondialisation ou que la mondialisation effraie. Ce que l'on ne connaît pas souvent angoisse. François pratique la mondialisation au quotidien et cela explique sans doute le titre qu'il a choisi, la Mondialisation sans peur.
Il est incontestable que pour lui la mondialisation peut-être une opportunité pour les générations à venir, à condition que la question de l'homme et de l'éthique n'en soit pas évacuée, au profit d'un système purement procédural. Rendre sa place à l'homme dans l'économie et la société est son leitmotiv.

Chercher le bien

À ce point il est incontestable que le travail de François Martin, même s'il ne s'y réfère pas explicitement, s'inscrit directement dans les perspectives ouvertes par la doctrine sociale de l'Église et en particulier dans la dernière encyclique de Benoît XVI, Caritas et Veritate.
Évidement, il est possible de ne pas être d'accord sur tel ou tel point de vue ou sur telle ou telle solution proposés par l'auteur. La complexité du sujet, sa contingence, la rapidité des mutations en cours, le bouleversement des paradigmes anciens excluent en pratique les vérités certaines et absolues, ainsi que les réponses binaires. Mais c'est précisément pourquoi ce livre doit être lu par tous ceux que la question de la mondialisation interroge.
Que le côté parfois touffu de cet ouvrage de 410 pages ne rebute pas ceux qui ne lisent habituellement que des essais en cinq chapitres ! Le travail de François Martin permet d'ouvrir des perspectives et des portes à côté desquelles il serait dommage de passer sans au moins les ouvrir.
La conviction et l'espérance profondément chrétiennes que du mal peut sortir un bien, inspirent ces pages. Encore faut-il accepter de regarder le mal et ses conséquences - l'auteur nous aide à mieux le comprendre ; ensuite il est non moins nécessaire de chercher le bien. François Martin nous invite à le désirer.

Mondialisation sans peur

Par François Martin

Préface de Jean-Paul Betbèze
Edition Muller, 2010, 410 pages, 25,50 €

 

 

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