Article rédigé par La Fondation de service politique, le 22 novembre 2002
Pour la première fois, des chercheurs et théologiens de l'université catholique de Louvain (UCL) se prononcent en faveur de la recherche sur l'embryon pour développer de nouveaux traitements contre des maladies incurables.
Quitte à s'opposer à Rome. Les chercheurs de Louvain ont continué à utiliser les techniques de fécondation in vitro après l'interdiction de Rome, en 1987.
Jacques Donnez, chef du service gynécologie et de fécondation in vitro à la clinique Saint Luc de l'université catholique de Louvain-la-Neuve (UCL) refuse de s'aligner sur les recommandations de l'Académie pour la Vie concernant l'embryon. Selon lui, la recherche et la destruction d'embryons surnuméraires ne portent pas atteinte à la dignité humaine de même que la production d'embryons humains pour la recherche (cf. Généthique du 23/10/02). Cela fait partie de "la progression normale de la médecine" et "on ne peut ignorer aujourd'hui ces pistes de recherche".
Quant à l'encadrement des recherches au niveau international, Jacques Donnez "ne croit pas trop à l'efficacité des lois ou des instances internationales". Il préconise que chaque équipe de recherche médicale s'entoure de son comité d'éthique propre afin de se donner des principes clairs et souples qui différeront selon le type de recherche effectuée et selon le pays.
" II s'agit d'une totale instrumentalisation de l'humain. "
Trois questions du magazine La Vie à Patrick Verspieren, sj, responsable du département d'éthique médícale du centre Sèvres, à Paris.
Que pensez-vous du texte publié par l'université de Louvain-la-Neuve?
Patrick Verspieren. Ce texte me surprend et me paraît mal venu. Comme l'Église catholique, il réaffirme la dignité absolue des personnes et le respect dû à tout ce qui appartient à l'ordre de l'humain. Mais, à l'arrivée il n'en tient absolument pas compte dans ses conclusions. Les recherches qu'il défend supposent de cultiver des embryons humains, de leur prélever des cellules, puis s'en débarrasser. Il s'agit totale instrumentalisation de l'humain, à laquelle l'Église catholique est opposée.
L'un des préalables est que les géniteurs soient d'accord, affirme le texte.
C'est choquant, car, d'un côté, on parle du respect dû à l'embryon et, de l'autre, on affirme que l'utilisation pour la recherche est possible à partir du moment où le projet parental n'existe plus. Cela signifie que les géniteurs ont tout pouvoir sur leur embryon. Sa dignité n'existe-t-elle qu'à travers le projet d'un couple ? Je ne le crois pas. Je suis aussi choqué de lire qu'il suffit de l'aval d'un comité d'éthique compétent pour légitimer l'affaire. C'est toute l'ambiguïté de ces comités qui estampillent des pratiques, mais au nom de quoi ?
Faut-il renoncer, selon vous, à ces recherche qui, pourraient peut-être, à terme, soigner des malades incurables ?
II existe un autre type de recherche, sur les cellules souches adultes, qui représente. une alternative et progresse avec des résultats prometteurs On aurait pu attendre d'une université catholique qu'elle s'intéresse à cette voie et ne soit pas fascinée par les potentialités de l'embryon. On a l'impression que les scientifiques ont tellement envie de faire de la recherche sur l'embryon qu'ils ne prêtent pas attention aux autres possibilités. "
Source : La Vie, octobre 2002.
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