Article rédigé par Christian Vanneste*, le 06 novembre 2009
Éric Besson vient de lancer un débat sur l'identité nationale. Certains peuvent y voir le zèle des "nouveaux convertis". D'autres, par réflexe pavlovien, jugent cette question "nauséabonde". L'identité nationale n'a rien d'une "question nauséabonde" à ceci près que ce n'est pas une question mais une évidence, simplement obscurcie par la nécessité dans laquelle certains se trouvent de la poser, et en plus dans l'urgence.
La France possède une identité forte, marquée par sa silhouette géographique facilement reconnaissable, et la relative constance de ses limites. Ce n'est pas le cas de nombreux autres États.
Au-delà de cette apparence, deux réalités puissantes donnent un contenu à cette identité : d'abord, une culture propre et qui a eu et cherche encore à avoir un rayonnement mondial appuyé sur ce qui fait l'essence de toute culture, une langue, juridiquement validée dès le XVIe siècle, et plus codifiée que la plupart des autres depuis le XVIIe.
Ensuite, une histoire qui se confond avec l'aventure commune d'une nation qui a été tour à tour le glaive du pape, le royaume le plus puissant d'Europe, la patrie des droits de l'homme, passant dans la continuité, beaucoup plus qu'on ne le pense, du christianisme des abbayes à la laïcité des écoles de la République, tant elle a maintenu à la fois une forte conscience de soi et la volonté de faire rayonner son message au-delà d'elle-même.
La question de l'immigration
Certains considèrent que la question de l'identité nationale et celle de l'immigration se télescopent dans la mesure où la première semble s'opposer à la seconde. C'est là une double erreur.
L'immigration ne doit pas être considérée comme une menace pour l'identité, soit qu'on veuille préserver celle-ci, soit que l'on considère comme inéluctable le prétendu métissage culturel qui effacerait les caractères propres de notre nation. On ne peut rencontrer positivement autrui qu'en ayant quelque chose à lui offrir. C'est dans la mesure ou je suis conscient de mon identité, des richesses de ma culture, et du caractère passionnant de l'histoire de la nation à laquelle j'appartiens que je peux valablement les partager avec ceux qui veulent venir y participer, ou simplement ceux qui y trouveront de l'intérêt, comme je pourrai moi-même trouver de l'intérêt dans les autres cultures et les autres histoires.
Que chaque immigré puisse contribuer à l'enrichissement de notre culture et de notre histoire, comme la découverte des masques africains ou des estampes japonaises a pu influencer l'évolution de notre peinture, est une évidence qui ne mérite pas qu'on s'y attarde. Cela n'a pas profondément remis en cause une identité qui repose avant tout sur la confiance en soi.
C'est à ce niveau que le problème se pose : il nous faut des politiques qui ont confiance dans le destin de la nation qu'ils ont la chance de conduire ou de représenter ; il nous faut des enseignants qui ne craignent pas d'enseigner la Princesse de Clèves, il nous faut des De Gaulle, des Max Gallo et beaucoup d'autres... Avec eux, la question ne se poserait même pas !
*Christian Vanneste est député du Nord.
Photo : Xavier Veilhan, La Femme nue (bronze/manganèse), cour d'honneur du château de Versailles, 2009.
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