Article rédigé par Nicolas Bonnal, le 18 juillet 2008
En 2001, quelques jours avant les attentats du 11 septembre, nous pûmes assister à la sortie du film Operation Swordfish, avec John Travolta, produit par Joel Silver, producteur de Matrix et des Armes fatales.
Le film prétend révéler que les attentats sont souvent le fruit d'agents gouvernementaux qui ont échappé à tout contrôle politique ou même technique. Le but du déclenchement des attentats, dit Travolta, est de protéger le mode de vie américain qui n'est pas négociable. Je me souviens d'un épisode de Vidocq, du temps de Claude Brasseur, qui évoquait la même problématique très situationniste : les agents secrets sont des révolutionnaires, les révolutionnaires sont des agents secrets.
Les crimes du 11 septembre ont remis l'imagination des scénaristes à leur juste place. Mais peu à peu, l'impopularité de l'administration Bush aidant, les producteurs hollywoodiens se sont à nouveau enhardis, comme l'avait promis Steven Spielberg en 2004. L'année suivante, les frères Washowski produisent V comme Vendetta, qui fait l'éloge du terrorisme et montre une société post-orwellienne où l'on se moque ouvertement de la lutte antiterroriste.
En 2007, le tir de Hollywood, contrôlé comme on sait par les démocrates et la gauche caviar américaine, s'est précisé. Nous avons eu Rendition, qui dénonce les enlèvements discrets de la CIA et les tortures appliquées à des citoyens américains d'origine musulmane. Le rôle du méchant est tenu par Meryl Streep, excellente comme à son habitude et qui défend sa position tortionnaire en invoquant la protection de ses petits-enfants. Un autre film, assez médiocre, Vantage Point, avec Dennis Quaid, montre un attentat international organisé par une nébuleuse internationale mais non musulmane, et qui profite de l'appui de l'un des gardes du corps du président américain. Jusque-là, on est encore dans le politiquement correct. Mais deux films cette année nous font basculer dans le camp voltairien du conspirationnisme. Deux films de cinéastes reconnus et récompensés.
Les cinéastes ont choisi leur camp
Le premier est de Night Shyamalan, réalisateur d'origine hindoue du Sixième sens et de Incassable. Il s'agit d'Happening, traduit en Amérique par la Fin des temps. Des plantes folles sécrètent une hormone qui pousse les humains au suicide. La plupart se tuent, et une deuxième épidémie se produit d'ailleurs plus tard... à Paris. Et deux explications nous sont données : l'allergie de la nature au comportement humain sur terre, et... le gouvernement américain. Il règne d'ailleurs dans l'air du temps une odeur de famine, et l'idée que nous sommes quelques milliards de trop.
Le deuxième film est d'Antoine Fuqua, cinéaste noir oscarisé pour son très efficace Training Day, et auteur d'un bizarre et méconnu Roi Arthur. Un tireur d'élite est recruté par des services secrets pour protéger le président, et on lui fait porter la responsabilité d'un attentat contre un évêque éthiopien, assis tout près du président. Il se venge des commanditaires de ce meurtre dont un sénateur et un colonel sadique très bien interprété par Danny Glover, l'acteur noir de l'Arme fatale.
Dans les deux cas le gouvernement est ouvertement présenté comme une clique d'assassins. On pourra aussi citer le cycle de Jason Bourne, revenu après trente ans d'absence dénoncer le trop grand rôle des services secrets et du complexe militaro-industriel américains. Ou bien le deuxième, Hulk, brillamment réalisé par une Français, François Leterrier, (la première demi-heure, tournée dans la favela Rocinha de Rio de Janeiro est un pur régal), et qui aussi insiste sur la lutte contre un pouvoir devenu fou ou tout au moins possédé par l'ubris de nos chers anciens.
On le voit, à la veille de l'élection maintenant probable de Barack Obama, les cinéastes ont choisi leur camp. Et s'il arrive quelque chose à Obama...
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