Article rédigé par Jean Choisy, le 28 janvier 2005
Alors que l'Europe se souvient de la libération des camps de concentration nazis, il y a soixante ans, il est opportun de rappeler la mémoire des résistances allemandes à la folie du "Reich de 1000 ans".
Parmi ses chefs les plus redoutés, et comme Hitler lui-même l'a reconnu, furieux d'ailleurs de son impuissance, Mgr August von Galen, évêque de Münster (photo). Depuis la chaire de sa cathédrale, les prêches tonitruants du futur cardinal contre le régime sont entrés dans l'histoire. Le 20 décembre dernier, un miracle dû à son intercession a été reconnu par la Congrégation pour les causes des saints. Il sera prochainement béatifié.
Implacable ennemi de l'idéologie nationale-socialiste, le prélat condamna notamment les agressions dont les couvents étaient victimes, l'eugénisme à l'égard des handicapés et l'euthanasie pratiquée dans les hôpitaux. En 1938 déjà, Pie XI disait de lui que c'était "un géant, pas seulement par la taille". Sans peur, il invitait sans cesse les évêques allemands à se déclarer plus clairement contre le régime, conscient du risque d'être arrêté et d'y laisser la vie.
Pie XII qui le tenait en grande estime, entretint une correspondance suivie avec lui. Le 24 février 1943, le Saint-Père – dont on fustige aujourd'hui malhonnêtement les prétendus "silences" — le remercie de ses "interventions résolues et courageuses en faveur du droit et de la justice", des interventions publiques qui selon le Pape honorent le peuple allemand (cf. le texte intégral de cette lettre.)
Au passage, il est intéressant de noter que la politique du Saint-Siège à l'égard du régime nazi, qui relevait bien de la logique humanitaire, comme l'a relevé l'historien Édouard Husson (cf. Une culpabilité ordinaire ? Hitler, les Allemands et la shoah, F.-X. de Guibert, 1997), ménageait officiellement son contact avec la diplomatie nazie, comme toute initiative humanitaire s'efforce de le faire à l'égard du pouvoir politique en place, mais soutenait fermement la résistance !
Lors de la fin de la guerre, Mgr von Galen cria son indignation contre les bombardements inconsidérés de l'aviation alliée, puis s'opposa avec autant de véhémence contre les abus des forces d'occupation. Pareillement, il récusa le concept de responsabilité collective du peuple allemand, en dépit des faiblesses de ses concitoyens. Il dut la vie sauve aux ménagements qu'Hitler dut consentir pour ne pas provoquer un soulèvement massif des catholiques d'Allemagne et de Westphalie en particulier.
Sa résistance courageuse et sa lutte contre les persécutions de la communauté juive lui ont valu son surnom de "Lion de Münster".
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