Article rédigé par Alix Cazin, le 25 octobre 2002
Un colloque consacré à la sexualité des handicapés s'est tenu au Sénat le 22 octobre 2002 : " Bioéthique et santé mentale : Sexualité et handicap ". De nombreux participants y ont dénoncé les pratiques eugénistes (Axel Kahn, Jacques Testart, Dominique Folscheid).
Mais le professeur Milliez a expliqué pourquoi son service de dépistage prénatal (DPN) pratiquait " l'euthanasie fœtale ", qualifiée d'" eugénisme médical ", un " bon eugénisme " puisque répondant à la liberté des parents. Pour Jean-Marie Le Méné, " cette simplification est irrecevable ". Il n'y a pas un eugénisme gentil (médical et individuel) et un eugénisme méchant (politique et collectif). Le président de la Fondation Jérôme-Lejeune a exposé les contradictions du discours de la méthode eugéniste contemporaine, de façon très novatrice (le texte de son intervention sera publiée dans le numéro à paraître de la revue Liberté politique).
Le quotidien Le Monde a saisi l'occasion de ce colloque pour aborder la sexualité des handicapés vivant en institution (édition du 22 octobre). Pendant des années, on a préféré fermer les yeux sur la vie sexuelle des personnes handicapées en combattant les relations hétérosexuelles avec leur potentiel de procréation. Désormais, la tendance est plutôt de considérer la sexualité comme une pulsion chimique relevant des droits de l'homme... Ceci avait conduit le gouvernement Jospin à introduire une disposition particulière concernant la stérilisation des handicapés dans le projet de loi relatif à l'IVG et à la contraception examiné par le Parlement en mai 2001.
Or comme tout être humain, la personne handicapée est appelée à être aimée et à aimer, à porter du fruit. La sexualité est l'un des lieux privilégiés de cette réalisation. Mais elle ne peut l'être sans une éducation à l'amour (dont la personne handicapée est capable). Et elle n'est pas la seule. Au-delà de la seule satisfaction de ses inclinations sexuelles, la personne handicapée mentale demande à être reconnue et aimée pour ce qu'elle est, à entrer dans une relation personnelle vraie. C'est à cette seule condition que sa vie est signifiante, épanouie et féconde (alors que l'accès facile et sans risques à l'exercice de la sexualité nie implicitement la valeur de la personne).
Cet éclairage sur la sexualité ne donne pas de solutions immédiates à tous les cas concrets. Ils appellent, dans tous les cas, des moyens humains et non d'abord techniques : accompagnements, écoute, vie communautaire... Préférera-t-on aujourd'hui la voie de l'eugénisme et de la stérilisation, pulsion de mort contre accueil de l'amour ?
Avec Généthique.org et d'après Décryptage, 14 mai 2001, analyse de Bénédicte Mathonat.