Article rédigé par Michel Bastit, le 03 juin 2005
L'échange avec François Bayrou que vous avez eu, à mon sens, le mérite de remettre à sa place, m'incite à suggérer une réflexion plus approfondie sur cette alliance quelque peu oxymorique entre démocratie et christianisme.
Il faudrait réfléchir sur le problème fondamental de l'alliance possible entre démocratie et christianisme, ou même plus largement religion.
Nietzsche a signalé depuis longtemps une certaine incompatibilité entre la reconnaissance d'une transcendance et l'égalitarisme démocratique. Je dirais volontiers que dans l'idée de démocratie chrétienne, plus y a de démocratie, moins il y a de christianisme.
Il est vrai par ailleurs que le terme démocratie est devenu très vague et recouvre seulement souvent une possibilité de participation (plus ou moins effective d'ailleurs) à la vie publique.
D'un autre point de vue, Tocqueville a vu dans la religion la possibilité de parer aux méfaits de "l'esprit démocratique". Mais il n'est pas certain que l'on puisse aller à l'encontre d'un mode de vie (d'une politique) qui éduque les pratiques dans le sens de l'égalitarisme.
Finalement, n'est-ce pas aussi d'une mise au point théologique qu'il est besoin pour expliquer comment l'égalité des fils d'un même père peut à la fois reconnaître l'universelle filiation divine, la transcendance du père commun, et la diversité hiérarchisée des vocations de tous ces fils ?
Sans parler de la question de l'égalité et de la différence des origines dans la Trinité.
> D'accord, pas d'accord ? Envoyez votre avis à Décryptage
>