Article rédigé par Thierry Boutet, le 11 janvier 2008
De nombreux articles ont été publiés en ce début d'année à propos de la crise financière qui a éclaté en août 2007. Des analyses et des pronostics pour 2008 le plus souvent convergents.
APRES CINQ ANNEES de croissance la situation économique et financière apparaît très incertaine en 2008. Elle est la conséquence d'un retournement du cycle mondial après le point haut de 2006, du krach immobilier américain et de la crise dite des subprimes. Celle-ci a par contagion entraîné une crise confiance dans les instruments de crédits qui assure la liquidité des banques entraînant à son tour le rationnement des crédits bancaires pour les entreprises et la hausse des taux qui accompagne la réévaluation des risques et enfin des risques de baisse de la consommation, spécialement aux États-Unis.
Selon une étude de la banque Goldman Sachs de novembre, la facture totale de la crise des subprimes pourrait atteindre jusqu'à 2.000 milliards de dollars (1.350 milliards d'euros)... En août, on ne parlait même pas de 200 milliards de dollars ! Les résultats que les grandes banques vont publier d'ici mars donneront une idée des dépréciations d'actifs qu'elles seront contraintes d'intégrer dans leur bilan et la facture s'alourdira peut-être encore.
Auront-elle recours aux fonds souverains chinois, singapourien ou d'Abu Dhabi – ces cagnottes publiques qui disposent de réserves de change faramineuse grâce à l'envol de leurs exportations ? Déjà ces fonds ont investi en décembre plusieurs milliards d'euros dans les banques Morgan Stanley, UBS, Merrill Lynch, Citigroup...
Pour Nicolas Baverez, c'est la fin d'un modèle de croissance fondé sur la réassurance de l'activité par le consommateur américain, sur l'abondance et le faible coût du crédit, sur la baisse parallèle de l'inflation, des taux d'intérêt, des coûts des matières premières et des biens industriels qui cède aujourd'hui la place à une poussée généralisée des prix et des salaires — de la Chine aux États-Unis en passant par l'Allemagne . Mais pour lui, comme il l'écrit dans le Monde du 8 janvier, 2008 n'est pas 1929 : Trois facteurs de résistance majeurs excluent en effet une déflation ou un krach planétaires.
D'abord, la mondialisation continue à produire ses effets positifs en termes d'ouverture, d'innovation, de sortie de la pauvreté et d'enrichissement des populations des pays émergents.
Ensuite, la crise frappe de plein fouet le secteur financier mais non les groupes industriels qui conservent des structures financières saines et une rentabilité élevée. Enfin, contrairement aux années 1920 ou 1990, on ne constate aucune bulle ou surévaluation des marchés d'actions. Pour l'auteur de La France qui tombe, cette crise peut même être une opportunité pour la France si elle accepte enfin de faire les réformes nécessaires. La crise financière, malgré son ampleur, sera absorbée par l'économie mondiale dans les mois et les années qui viennent. Dans le monde entier des hommes et des femmes accèdent par millions à l'instruction et au marché du travail. Il existe un énorme potentiel de croissance à l'échelle mondiale. Cette croissance mondiale est soutenue par une démographie forte mais de plus en plus régulée. On l'oublie trop souvent, la croissance démographique, loin d'être une catastrophe, est le fondement le plus solide de la croissance.
Dans cet environnement, la question pour nous Français, demeure de savoir si nous voulons rester, ou non, une grande puissance ou devenir un pays de service vivant du tourisme et de ses gloires passées. Nous ne manquons pas d'atouts pour demeurer une nation qui compte, encore faudrait-il regarder la réalité en face. T.B.
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