Article rédigé par Gérard Leclerc*, le 07 juin 2006
Pour cette Pentecôte 2006, l'Église catholique a vécu un événement dont la visibilité atteignait, une fois de plus, la planète entière à partir de l'admirable scène imaginée à Rome par les artistes de la Renaissance.
Décidément, l'art, la tradition, la modernité technique peuvent s'accorder pour le meilleur service. En l'espèce, ici, répercuter la prière commune de 350.000 pèlerins, représentant les nouvelles communautés surgies depuis Vatican II, comme un printemps inattendu.
En regardant cette immense assemblée, on ne pouvait qu'adhérer aux propos de Benoît XVI sur le charisme de ces militants de la Nouvelle Evangélisation, qui peut se résumer en un quelques mots : la joie de la foi. Il y a, en effet, dans le christianisme une possibilité pour les cœurs de vibrer, ou pour les âmes de respirer dans le climat de l'espérance et dans l'espace de la communion trinitaire, qui n'a d'équivalent en aucune culture.
Pour ceux qui ont en perspective le demi-siècle passé, le surgissement de ces communautés est un phénomène tout à fait intéressant à observer. En un certain sens, il n'est pas sans relation avec la révolution des mentalités et des mœurs apparue dans les années soixante, mais il contredit radicalement la tendance dominante de ce que François Ricard — cet excellent observateur de la sociologie contemporaine — a appelé, depuis son Québec secoué par la révolution tranquille, "la génération lyrique". Cette génération qui a voulu changer le monde, en adoptant des valeurs contraires aux précédentes, s'est rapidement trouvée dans les impasses de la consommation et de l'éclatement individualistes.
Ayant délaissé les structures familiales, et la pratique religieuse, son "lyrisme" a tourné court, empoisonné par un nihilisme débilitant. En contraste, les nouvelles communautés chrétiennes ont trouvé dans l'Esprit de Pentecôte de quoi renouveler la face de la terre. Loin de toute réaction étroite et de tout conformisme social, elles ont développé les ressources d'un christianisme joyeux et missionnaire.
Le cardinal Ratzinger s'est intéressé tout de suite à cette éclosion, dont il définissait l'originalité dans ses fameux entretiens de 1985 avec Vittorio Messori : "Ce qui est signe d'espoir dans l'étendue de toute l'Église — précisément aussi au milieu de la crise de l'Église dans le monde occidental — c'est l'éclosion de nouveaux mouvements que personne n'a planifiés, auxquels personne n'a fait appel, mais qui proviennent simplement de la vitalité intérieure même de la foi. En eux se dessine — bien que sans aucun bruit — ce qui fera surgir une aurore de Pentecôte dans l'Église. Je pense par exemple au Mouvement charismatique, à Cursillo, aux Focolari, à Communion et Libération, etc.", tous ces mouvements qui se trouvaient réunis samedi et dimanche, place saint Pierre, autour de Benoît XVI.
Sans doute, le Pape est-il exigeant avec eux, leur recommandant de parvenir à une vraie maturité spirituelle, en puisant dans la tradition ecclésiale de quoi donner un témoignage éclairé. Ce que Vatican II attendait de l'apostolat des laïcs a ainsi trouvé son lieu d'expression dans un monde en recherche d'une conscience elle-même nouvelle. Vers une civilisation de l'Amour ?
Pour en savoir plus :
■ " L'homélie de Benoît XVI aux représentants des mouvements ecclésiaux et communautés nouvelles, premières vêpres de la Pentecôte 2006 sur notre site partenaire www.generation-benoitXVI.com
■ Le site du Conseil pontifical pour les laïcs http://www.laici.org/
*Editorial à paraître dans le prochain n° de France catholique
http://leclerc.gerard.free.fr/
© Photo : Osservatore Romano
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