Article rédigé par Fr. Edouard Divry, op*, le 22 septembre 2006
Le journaliste italien Vittorio Messori suggérait, il y a peu, la création en Italie d'une Anti Diffamation Catholic League à l'instar de ce que font les juifs pour se défendre de l'antisémitisme.
Il y a de fait une christiano-phobie sans frein contre laquelle il convient de réagir. Suite à la désinformation très probablement volontaire des propos du pape Benoît XVI à Ratisbonne, qui tentera un procès à l'agence allemande DPA, au Frankfurter Allgemeine Zeitung, au journal italien La Repubblica, à la Libre Belgique, etc. ?
Lorsque le Christ est frappé injustement lors de sa Passion, il n'hésite pas à demander à celui qui vient de le gifler : "Pourquoi me frappes-tu ?" (Jn 18, 23). Il faut engager des procès à caractère sonnant et trébuchant, qui fassent réfléchir la presse délinquante.
Mais attention, une réaction chrétienne ne doit pas dépasser les limites du bon sens. L'islam doit être défini comme une religion puisqu'il invite à croire en Dieu et à l'adorer. Le nier consisterait en une atteinte à la raison. Ce serait faire tort au discours même de Benoît XVI à Ratisbonne.
Par ailleurs, il est remarquable de lire dans la presse les nombreuses réactions outrées de musulmans, souvent renommés, suite à cette désinformation médiatique. Le plus grave ne consiste pas tant dans le fait que cette gent musulmane, en s'opposant au pape, ne voit pas que, sans doute, elle se solidarise en conséquence avec un croyant musulman du Moyen Âge aux propos choquants (cf. Benoît XVI citant le professeur Khoury : "Ibn Hazn va jusqu'à déclarer que Dieu ne serait pas même lié par sa propre parole et que rien ne l'obligerait à nous révéler la vérité"). Mais la gravité tient à ce que, face à une telle violence conséquente si injuste parmi leurs coreligionnaires — l'assassinat d'une religieuse catholique, les attaques contre des églises —, un silence massif appert chez la plupart de ceux qui ont voulu prôner un islam religieux et pacifique. Au demeurant, pourquoi, eux aussi, ne se ligueraient-ils pas pour dénoncer la violence actuelle, non pour se solidariser avec Ibn Hazn (XIe siècle), mais pour dénoncer ce qui aujourd'hui ressortit à cette agressivité musulmane ?
Il n'y a finalement que le président iranien, logique avec lui-même et avec le Coran, qui a déclaré à propos de l'accident médiatique de Ratisbonne, croire que la religion musulmane était tout simplement la meilleure du monde ! Trèves de discussion, comme pour le nucléaire !
Mais nous, que faisons-nous ? Interrogeons donc nos voisins musulmans. Aidons-les à penser, à user de la raison : pourquoi, lorsque la presse annonce, après la libération, à Gaza le 27 août dernier, de Steve Centanni, un Américain de soixante ans, et du cameraman d'origine néo-zélandaise Olaf Wiig (photo), de trente-six ans, que ces journalistes de la chaîne américaine Fox News ont été contraints, lors de leur détention, à se convertir à l'islam sous la menace des armes, les éminents contradicteurs musulmans de Benoît XVI n'ont pas ouvert la bouche ? De quel côté se situe l'hypocrisie ?
* Religieux dominicain de la province de Toulouse. A publié récemment : "La liberté religieuse à l'épreuve. Quel dialogue entre christianisme, judaïsme et islam ?", Liberté politique n° 32, hiver 2006.
Pour en savoir plus :
■ Le Discours de Ratisbonne (français)
■ La version originale du Discours de Ratisbonne (allemand)
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