"Mother And Child" ou la vie retrouvée
Article rédigé par Guillaume Sbalchiero, le 26 novembre 2010

Grand Prix du festival de Deauville, le dernier film du colombien Rodrigo Garcia s‘attaque à des thématiques périlleuses. Ancré dans le quotidien, il vise l'intime et la complexité des relations entre les êtres. Et à travers le portrait de parcours singuliers, c'est bien d'universel dont il est question.

Les trois femmes ici dépeintes se retrouvent confrontées aux affres de la nécessité de choisir. Karen (Annette Benning), adolescente jadis amoureuse mais devenue mère trop vite, n'est plus qu'une ombre agressive, hantée par l'image de sa fille abandonnée et n'arrivant pas à se défaire de son passé.
Sa fille Elizabeth (Naomi Watts), indépendante et avocate reconnue, lutte contre l'absence maternelle avec ses propres armes : la séduction, les rapports charnels et le travail.
Et enfin, Lucy (Kerry Washington), épouse aimante, obnubilée par le désir d'enfanter mais empêchée par la nature, oscille quant à elle entre solide détermination et incertitudes.
Ces parcours si différents vont pourtant se rencontrer. Autour du thème de la maternité, leurs regards vont se croiser sur le terrain du rapport à l'enfance.
Souhaité ou non, légitime ou non, l'enfant reste avant tout pour ces femmes la promesse d'une autre vie. Confinées au creux de quotidiens suffocants, traversés de carences affectives fondamentales, elles tentent de contrecarrer les noirs desseins d'un avenir peu prometteur. Karen sortira de sa léthargie émotionnelle en s'amourachant d'un collègue et en fondant une nouvelle famille. Elizabeth, lasse sans doute de courir après des faux semblants, se résoudra en fin de compte à devenir mère à son tour. Quant à Lucy, au terme de longues hésitations, elle jouera aussi pleinement son rôle de maman.
Au final, Mother and Child pose le problème des rapports entretenus entre l'individu et la difficulté d'exister. Même si la fiction concerne des femmes en priorité (les hommes demeurent en arrière-plan, relégués au rang de personnages couards ou naïfs), le message n'en demeure pas moins universel.
Peinture de l'absence toutefois parsemée d'espoir, la fiction malgré quelques pointes de mièvrerie indigeste, parvient grâce au jeu des actrices, à convaincre. Et donne à contempler comme autant de miroirs déployés, ces instants cruciaux où le choix d‘abandonner le malheur s‘est effectué, afin de retrouver une bonne fois pour toutes, le chemin de la vie.

 

Mother And Child de Rodrigo Garcia.
Avec Annette Benning, Naomi Watts, Kerry Washington, Samuel L. Jackson.
En salle le 17 novembre 2010.

 

***