Article rédigé par Gérard Leclerc*, le 19 avril 2006
La Semaine Sainte est toujours l'occasion d'un retour sur Rome dont l'extrême visibilité constitue un repère exceptionnel, même pour les plus irréductibles opposants à un message religieux. Benoît XVI n'est pas Jean-Paul II, mais son autorité morale est analogue.
L'hostilité patente de tout un milieu intellectuel et journalistique qui s'était manifesté au moment de son élection, n'a pu se communiquer à l'ensemble de l'opinion pourtant perméable à l'intoxication idéologique. Pour plusieurs raisons.
Déjà le cardinal Ratzinger impressionnait par son intelligence, sa rigueur, qui n'avait rien de "rigide", son authentique ouverture à tous les débats qui avait pour répondant le refus des accommodements faciles et la fidélité aux exigences de la foi. Ceux qui manifestent des réticences face à l'inflexibilité de l'Église sur certaines questions morales paraissent disposés à comprendre, en même temps, que l'acceptation par elle des facilités du relativisme ne leur rendrait pas service, bien au contraire. Le christianisme est quelque chose de trop sérieux pour se prêter aux complaisances du moment et la dissolution d'un message enraciné dans une culture dont tous sont héritiers d'une façon ou d'une autre, ne serait au fond pas acceptée.
Benoît XVI incarne donc cette continuité vivante, impressionnante en raison des oppositions qui ne la font pas céder, précieuse en raison du réconfort qu'elle apporte à une période d'incertitude dont la tentation s'appelle "- à quoi bon ?"
On aurait pu légitimement escompter qu'après l'épreuve des dernières années, souvent douloureuses, de Jean-Paul II, les cardinaux choisissent un successeur plus jeune, empli de cette incroyable énergie du pape polonais du n'ayez pas peur qui bouleversait la face du monde. Le fait qu'ils aient préféré donner leur confiance au compagnon permanent du défunt pape, avancé en âge, réticent même à la perspective d'une charge aussi redoutable, constitue un signe en soi-même qu'il nous faut interroger un an encore après l'avènement de Benoît XVI.
Face à Dieu, dans l'intimité de leur conscience et la perception redoutable de leur commune responsabilité, ces hommes éminents ont décidé d'élire Joseph Ratzinger comme le plus apte à exercer le magistère suprême en période d'incertitude pour l'humanité. Celle-ci a besoin d'un évêque de Rome, éclairé de sagesse surnaturelle alliée à une grande lucidité spéculative et pratique.
Benoît XVI n'a pas pris encore de décision déterminante dans le gouvernement central de l'Église catholique, même s'il a indiqué quelques directions à prendre. Il a surtout assuré la mission que l'on attendait de lui, à travers un enseignement d'une limpidité extrême qui conjugue profondeur et accessibilité. Dans un monde qui ne réagit qu'aux sollicitations ambiguës de la séduction, il ne s'adresse qu'à ce qu'il y a de plus réfléchi en nous et de plus sensible à notre capacité d'entrer dans l'intelligence du mystère révélé. Non seulement, notre attente n'a pas été déçue, mais on perçoit qu'un mouvement de fond se dessine, montrant que Benoît XVI touche les esprits et les cœurs.
Le pasteur "doux et ferme" de son Église
Benoît XVI évoque son élection
Au début de l'audience générale de mercredi 19 avril, le jour du premier anniversaire de son élection à la Chaire de Pierre, le pape Benoît XVI a rappelé l'événement : quand "les cardinaux réunis en conclave ont voulu choisir ma personne pour succéder au regretté et aimé Serviteur de Dieu, le grand pape Jean-Paul II".
En particulier le Saint-Père a dit être touché par l'émotion de la première rencontre avec les fidèles réunis place Saint-Pierre, à laquelle suivirent de nombreuses autres rencontres, "qui m'ont donné un moyen d'expérimenter combien est vrai ce que j'eus à dire lors de la concélébration solennelle avec laquelle j'ai commencé solennellement l'exercice du ministère pétrinien : "Je sens vive la conscience de ne pas avoir à porter tout seul ce que je ne pourrais jamais porter tout seul en réalité".
"Et je sens toujours plus que tout seul je ne pourrais pas porter cette tâche, cette mission. Mais je sens aussi combien vous la portez avec moi : ainsi je suis en une grande communion et nous pouvons porter en avant la mission du Seigneur...
"Merci de tout cœur à tous ceux qui de manière diverse m'épaulent de près ou me suivent de loin spirituellement par leur affection et leur prière. Je demande à chacun de continuer à me soutenir en priant Dieu afin qu'il me concède d'être un pasteur doux et ferme de son Église."
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*Editorial à paraître dans le prochain n° de France catholique
http://leclerc.gerard.free.fr/
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