"Travail dominical : pourquoi nous ne pouvons pas voter", par V. Besse, D. Souchet et Ch. Vanneste*
Article rédigé par Philippe de Saint-Germain, le 17 juillet 2009

Il y a des combats symboliques. Aux yeux des pragmatiques, ils sont comme les gestes du même nom, vains, inutiles parce que gratuits. Ce sont cependant les plus importants car ils se réfèrent aux valeurs et au sens.

Ainsi en est-il du travail du dimanche. En apparence, il s'agit de légaliser une pratique de fait dans certaines zones et pour certains types d'activité commerciale. En réalité, il s'agit d'une illusoire avancée économique qui masque mal un recul social et spirituel.
L'ouverture des magasins le dimanche ne créera aucune richesse supplémentaire. Elle n'augmentera pas un pouvoir d'achat qui s'étalera simplement sur un jour de plus au bénéfice de grandes surfaces spécialisées, fortement importatrices, et au détriment des commerçants indépendants, incapables par manque de personnel d'assurer une activité continue. Faut-il rappeler que ces entreprises emploient trois fois plus de personnel pour le même chiffre d'affaires que les grandes surfaces.
Chez ces dernières, les généralistes ne montrent d'ailleurs aucun engouement pour cette mesure.
Sur le plan social, en revanche, le recul est évident. La liberté de choix des salariés sera un leurre. La vie familiale des employés du dimanche sera gravement compromise. Leur participation à la vie associative sera également perturbée. L'équilibre par les loisirs sportifs ou culturels sera pour eux hors d'atteinte. À une augmentation de salaire légitime correspondra une perte d'emplois dans les commerces incapables d'ouvrir le dimanche, une diminution de la participation à la vie sociale en dehors de la consommation de masse.
C'est là l'essentiel. La sourde complicité du libéralisme économique et du marxisme revêt de multiples visages. Celui du réductionnisme qui rétrécit l'homme jusqu'à n'être qu'un producteur-consommateur. Celui du relativisme qui tend à niveler toutes les distinctions essentielles à la vie humaine. Non ! Tout ne se vaut pas. Il est bon qu'il y ait des jours à part, où on n'accomplit pas les besognes quotidiennes. La différence entre le profane et le sacré est certes identifiée à la religion, mais c'est dans la mesure où comme l'a montré Durkheim, celle-ci est inséparable de la condition sociale de l'homme.
Celui du matérialisme enfin pour lequel les valeurs et les institutions qui les incarnent ne sont rien auprès de l'individu et de ses besoins.
Les vrais libéraux, ceux qui s'inspirent de Constant et de Tocqueville savent que la liberté politique est plus importante que la liberté économique, comme la fin l'emporte nécessairement sur les moyens. Or, cette liberté n'existe que si la famille, les associations préservent leur autonomie entre l'État et le Marché car c'est dans cet espace qu'il peut y avoir du temps pour l'esprit et pour la personne. Sachons préserver cet espace et ce temps.
*Respectivement députés MPF de la Vendée et UMP du Nord.
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