Travail invisible à la création de richesse : un chapitre à ouvrir pour les familles (I/II) par Hélène Bodenez
Article rédigé par Hélène Bodenez, le 22 octobre 2011

La FAFCE [1] (Fédération des associations familiales catholiques en Europe) organisait le 17 octobre une conférence à Bruxelles sur le thème l'apport du  travail invisible  à la création de richesse – valeur ajoutée de la cohésion sociale. Concluant les travaux de la journée, Luca Jahier, Président du Groupe III du CESE qui en avait accepté le patronage, promettait d'être plus que jamais l'allié  de la Fédération et invitait les participants à  continuer une grande bataille , celle du rôle crucial généré par les familles dans la production du PIB et des richesses sociales, culturelles de nos sociétés.

La conclusion se proposait d'en dessiner certaines perspectives. En vue, une année européenne de la famille, mais aussi remettre sur le métier une mesure, ratée sous Présidence française, la baisse de la TVA des familles, qu'on a accordée pourtant en France aux restaurateurs, sans grands résultats sur la croissance. Le bien-être électoral  de Monsieur Sarkozy ne passerait-il donc pas par la famille ? Cela implique aussi de se soucier de la retraite de femmes qui se sont dévouées pendant toute une vie à leurs enfants, aux malades, aux handicapés, aux personnes dépendantes. La bataille à engager est  pointue ,  précise . Il y a de toute évidence un  chapitre à ouvrir . La liaison entre le travail invisible des familles et le volontariat, précise Luca Jahier est certes à faire, mais elle n'est pas simple. Le volontariat peut aisément se chiffrer : 5% du PIB avec 115 millions d'Européens qui s'y adonnent, soit 1/5 des actifs de cette population européenne. Pas de chiffres, en revanche, pour calculer la contribution du travail invisible des familles, qui est pourtant un investissement sur l'avenir avec la mise au monde des enfants, leur éducation et la prise en charge des coûts.

Luca Jahier insiste sur la distinction qu'il entend faire comprendre : le travail familial n'est pas le travail du volontariat. Il existe une différence  substantielle , comme l'a rappelé également Stéphane Buffeteau, Rapporteur de l'avis CESE  Le rôle de la politique familiale dans le processus démographique  :  Le travail des familles est d'une autre nature que ce qu'on entend habituellement par bénévolat . On ne peut quantifier tous les dons mutuels qui se font dans la famille, où le  don de soi  n'est pas le don de ce qu'on a, ainsi que l'écrivait dans sa lettre apostolique Jean-Paul II, heureusement citée, pour qualifier ce don désintéressé :  aimer, donner et recevoir ce que l'on ne peut acquérir ni vendre, mais que l'on peut seulement accorder librement et mutuellement . Le travail dans la famille ressort d'un choix libre, de devoirs fondamentaux,  choix sans lesquels nos sociétés n'existeraient pas . Le travail invisible des familles ? Éviter qu'il n'entre dans un système, si généreux soit-il, celui du volontariat.

Ce n'est pas le moindre paradoxe de la journée que cette fin excluant, au fond, le travail invisible des familles du grand chantier de l'année dans l'Union européenne, le bénévolat. Chaque participant souscrit bien sûr à pareille hauteur de vue, mais voilà, pragmatisme oblige,  partout l'on compte  rappelle le Dr Joachim Drumm. Pour ce conseiller épiscopal et directeur du département Société et Église du Diocèse de Stuttgart, le travail est dit invisible parce qu'il n'est pas rémunéré ; il s'agirait donc de le rendre  visible  dans des économies et des politiques déterminées par ce qui est quantifié. L'objectif - et c'était bien sûr toute la raison de cette conférence à Bruxelles – est clair : il faut que ce travail  invisible  devienne visible pour qu'il ne reste pas dans la seule sphère privée alors qu'il a également une grande dimension sociétale.

 Le travail informel familial non marchand  comme le nomme de son côté l'eurodéputé Anna Zaborska, Présidente de l'intergroupe famille et petite enfance au Parlement européen, présente par visioconférence depuis la Slovaquie, est richesse créée par les familles et ce travail doit être reconnu.  C'est tout un regard sur la famille qui doit changer .

H.B.

 

Photo : © Hélène Bodenez pour l'AFSP, 17 octobre 2011.

 

 

[1] La FAFCE (Fédération des associations familiales catholiques en Europe) est membre à l'instar de Liberté politique de l'EuropeanSunday Alliance.

 

 

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