Comment sortir la paléontologie de son dogmatisme
Article rédigé par La Fondation de service politique, le 24 septembre 2008

Résumé : Un jour prochain, ce sont peut-être des chercheurs "non-athées" qui auront la liberté de s'attaquer au dogme évolutionniste, ce mythe fondateur de la laïcité matérialiste. Ils auront la liberté de chercher ailleurs, autrement, quitte à rencontrer de la finalité au hasard de leurs recherches.

 

 

 

 

PEUT-ON NE PAS ETRE DARWINIEN ? Est-il permis de ne pas croire en l'évolution ? Est-il seulement possible de se poser la question ? Pour la plupart des savants, croire en l'évolution relève d'une quasi religion. L'enjeu du dogme évolutionniste, c'est un scénario qui explique tout à partir de processus matériels soumis au hasard. Or ce scénario, depuis un siècle, est instrumentalisé au profit d'une vulgate matérialiste triomphaliste dont témoigne par exemple ce sous-titre du Monde 2 d'octobre 2005 : L'homme descend du singe. La théorie de Darwin semblait acceptée. Mais dans l'Amérique de Bush, les partisans d'une humanité créée par un esprit supérieur — l'Intelligent design — ne cessent de gagner du terrain. Ces phrases réduisent curieusement la question générale de l'évolution au cas particulier de l'origine simiesque de l'homme — cas que Darwin n'a pas directement abordé. Mais dès le titre, tout est dit. Bien qu'aucun scénario certain ne décrive aujourd'hui cette ascendance, le dogme est posé : L'homme descend du singe. Si cela est sûr, rationnel, avéré, alors ceux qui doutent sont des imbéciles.

Voilà comment des hommes d'ouverture et de dialogue verrouillent un sujet avant même d'avoir commencé son étude. Le texte est en outre accompagné de l'image suggestive d'une main simiesque (le véritable Adam) tenant une pomme... Le premier homme, Adam, n'est pas celui de la Genèse mais un singe (un hominidé). La Bible se trompe et nous trompe, la Science l'a prouvé.

Cette image suggestive a au moins le grand mérite d'évoquer ce qui doit être questionné : la relation entre foi et science dans l'interrogation sur l'origine de la vie. Trois cas de figures : conflit ; compromis schizophrénique ; distinction permettant d'articuler les plans du réel. Trois attitudes, deux faciles mais stériles, une difficile mais peut-être prometteuse.

 

I- DARWIN ET LA GENESE, TROIS TYPES DE RELATION

 

Le conflit entre foi et science naît peut-être de ce que j'appellerai l'apologétique fainéante, celle qui, par facilité, démontre la nécessaire intervention de Dieu à chaque fois que l'explication scientifique de la nature rencontre quelques difficultés . L'apologétique fainéante place Dieu dans les trous de la science . Victoire facile. Mais à chaque fois que la science progresse et comble ses trous, c'est Dieu qui disparaît. Et le croyant devient scientophobe. Conflit ouvert. À la crainte qu'éprouve le croyant devant les progrès de la science, le savant répond par le mépris. Le néo-créationnisme se rapproche-t-il de cette apologétique fainéante ? Une telle apologétique tient plutôt des catéchèses pour les tout petits ou des cosmogonies primitives que moquaient déjà Aristophane et Lucrèce et auxquels les darwiniens assimilent à tort les argumentations beaucoup plus rigoureuses d'un Michael Denton.

Mais la frontière est mince entre la dénonciation des insuffisances d'une théorie et la recherche de ce qui la réfute. Les fondamentalistes critiquent telle théorie ; les scientifiques aussi. Quelle différence ? La seconde critique est, elle-même, scientifique, la première non. Mais les savants sont-ils exempts de la tentation de déclarer non scientifique un argument qui les dérange ? Qui peut attester ou réfuter la scientificité de l'argument de Michael Denton dénonçant l'absence de chaînons ou l'improbabilité statistique d'une émergence fortuite de la première cellule : Le problème, c'est qu'il y a environ deux mille enzymes et que les chances de les obtenir toutes en même temps est seulement d'une sur 10 puissance 40 000 ?

Le conflit venait de la confusion entre les explications théologique et scientifique, l'une prétendant subvenir aux défaillances de l'autre.

 

[Fin de l'extrait] ...

 

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