Chrétienté et Démocratie
Article rédigé par , le 11 septembre 2008 Chrétienté et Démocratie

Responsable d'associations professionnelles, entrepreneur, expert financier et essayiste (Le Ciel et la Forêt, éd. DMM), Pierre de Lauzun s'est donné pour but d'explorer, dans la réflexion comme dans l'action, la place du chrétien dans la société d'aujourd'hui.

Dans ce nouveau livre il aborde la question centrale de la démocratie, en confrontation avec le concept historiquement rival de chrétienté, selon la démarche suivante.

 

 

 

Pour l'occidental contemporain, la démocratie est la forme achevée de la vie en société. Dans un monde désormais mouvant et hétérogène, c'est devenu la seule valeur de référence commune. La plupart des chrétiens acceptent cette vision. Cet état de fait devrait pourtant leur poser question. Parce que le Royaume de Dieu n'est pas de ce monde, le chrétien sait que la politique n'est pas le domaine de l'idéal. C'est un terrain difficile ; où il s'agit de faire au mieux, mais où rien n'est indiscutable, rien n'est certain, où il n'y a pas de réponse définitive. L'histoire du christianisme en témoigne : aucune époque, aussi féconde soit-elle, comme la Chrétienté médiévale, n'a jamais été qu'une étape dans une histoire jamais achevée, dans laquelle les rapports entre la sphère politique et l'Eglise ont été presque toujours difficiles.

 

La démocratie moderne n'échappe pas à cette réalité. Mais elle y ajoute un problème supplémentaire. C'est que dès ses origines elle a manifesté une profonde ambiguïté. Elle est à la fois expression de la révolte prométhéenne de l'homme européen, désireux de bâtir seul son futur sans référence à Dieu, conception dévastatrice dès la Révolution ; et recherche d'une forme de vie politique plus élaborée, fondée sur une conception de l'homme comme personne, comme tel porteur de droits objectifs. On peut donc la comprendre de multiples manières. On peut la voir, dans la tradition de l'Eglise, comme une forme possible de gouvernement, la plus légitime et la plus élaborée à notre époque du moins, et en principe la plus respectueuse des droits de la personne humaine – s'ils sont compris au bon sens du terme. On peut la voir au contraire comme une organisation permettant à chacun d'affirmer son droit à bâtir sa vie et la société comme il l'entend, sans référence à des valeurs s'imposant à lui, et donc en favorisant au mieux les désirs individuels quels qu'ils soient, du moment qu'ils sont supposés ne gêner personne.. Comprise comme gouvernement légitime et civilisé de notre temps, fondé sur le respect de la personne humaine, elle ne se discute pas. Comprise comme organisation du droit de chacun à suivre son bon plaisir sous réserve du droit équivalent des autres, elle est suicidaire. Ces deux visions coexistent ; et, à présent, la seconde tend à prévaloir.

 

La longue histoire des démêlés de l'Eglise avec la démocratie moderne témoigne de la difficulté de la tâche. Le chrétien ne peut y être indifférent. Parce que le Bien ne relève pas de notre bon plaisir, le chrétien sait qu'aucune société digne de ce nom ne peut se passer de la reconnaissance de valeurs morales, qui pour lui sont celles de l'Evangile. C'est la limite de son ralliement aux institutions républicaines. Il sait donc qu'il est vital pour notre société de reconnaître ces valeurs essentielles, et, idéalement, qu'elle s'inspire explicitement et consciemment de la foi chrétienne, si suffisamment de ses membres la reconnaissent. Tel est le sens que peut avoir pour nous le beau mot de chrétienté, cette civilisation de l'amour dont parlent les papes d'aujourd'hui.

 

L'histoire qui s'ouvre devant nous est plus que jamais ouverte. Nouvelle chrétienté ou paganisme, progrès relatif ou régression assurée, elle dépend de la Providence, mais aussi de nous.

 

Panorama historique et instrument de réflexion, ce livre met en lumière ce qui fait aujourd'hui problème. En ce sens, il aidera tout homme de bonne volonté à mieux discerner notre avenir commun.

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