Article rédigé par , le 18 février 2011
L'œuvre de Charles Péguy est vivante. Depuis près d'un siècle, elle est entre nos mains, à la merci du lecteur. Elle suscite bien des commentaires et d'innombrables analyses. Elle reste une référence même si la tentative d'en offrir une interprétation globale semble une gageure, un défi difficile à relever. Retrouver l'intention constante de l'auteur, montrer l'unité profonde d'une œuvre qui embrasse toute une existence intellectuelle et spirituelle, dégager l'intérêt théologique d'une pensée tout à la fois combative et contemplative, voilà le but que poursuit ce travail.
Le père Laurent-Marie Pocquet du Haut-Jussé réalise ici une étude brillante des ressources spirituelles de l'œuvre de Charles Péguy. En suivant le créateur des Cahiers dans son analyse de la Modernité, il a voulu partir à la recherche des éléments présentant de manière organique le mystère de la foi, éléments épars mais bien présents à travers l'œuvre, pour essayer d'en offrir une synthèse.
De façon magistrale il démontre que, fils insurgé de la Modernité, Péguy a offert au jeu de la grâce toutes les ressources de sa personnalité intellectuelle et spirituelle. Cet engagement total est la dernière réponse, la réponse définitive, à la fois implacable et magnanime, au parti intellectuel, au monde moderne. Pour Péguy, notre monde a-chrétien est le fruit des Modernes. Ce ne sont pas les structures qu'on évangélise, mais ce sont les personnes. Ce n'est pas avec le monde qu'on dialogue.
Son intelligence de la foi va déployer sa critique du monde moderne (né autour des années 1880) auquel il oppose le mystère chrétien, le mystère de la foi comme une sorte d'antidote, de réponse organique à la Modernité. Chez Péguy, il n'y a pas uniquement une critique virulente et argumentée, mais aussi une phase plus positive, constructive autour de la révélation chrétienne, révélation dont il découvre toutes les implications et les exigences dans sa vie. Et cela, il le fait par intégration de son passé à cette découverte, et non pas par reniement. Charles Péguy avait un sens inné de la foi chrétienne, un naturel dans la vie surnaturelle qui était impressionnant, de la même façon que Bernanos était un sans-gêne dans la foi.
Guillaume Lenormand
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