Du pouvoir au service – Pour un engagement politique chrétien
Article rédigé par , le 29 juillet 2011 Du pouvoir au service – Pour un engagement politique chrétien

Il y a deux manières d'envisager l'essai de ce chef d'entreprise longtemps haut responsable commercial chez Renault Trucks, et qui s'est, dans le plein sens du terme, engagé en politique.

En premier lieu, il s'agit d'un manuel, d'une méthode de conduite de campagne destiné tant à l'électeur potentiel qu'au candidat à un mandat électif. Avec la formation, la rigueur, l'humanité, le cœur et l'expérience d'un ingénieur et cadre dirigeant, père de famille catholique nombreuse, avec la sécurité à bien des points de vue qu'elles apportent, l'actuel conseiller municipal de Rillieux-la Pape, après avoir manqué de peu d'éliminer le socialiste Jean-Jack Queyranne aux législatives de 2007 se livre à une entreprise de catégorisation des militants, candidats, électeurs qui tient à la fois de la caractérologie et de la sociologie. Cette typologie permet à chacun de se situer avant de s'adapter dans le but évident d'agir avec le maximum d'efficience en vue de la mise en œuvre du bien commun. On voit là qu'il y a une logique simple trop souvent oubliée par le candidat (et, plus encore, l'électeur) quelque soit au reste son obédience ; on relève aussi qu'étymologiquement parlant, cette  chose commune , cette res publica ne se confond pas avec un régime particulier, mais qu'elle est au contraire intemporelle : sa recherche, sa poursuite paraît bien être la caractéristique première de toute politique chrétienne. Mieux encore, il ressort de l'étude des critères propres à la mise en œuvre d'une politique véritable (tels qu'ils ont été dégagé par les Anciens), d'une politique en vérité, et de vérité que ceux-ci s'identifient dirait-on presque instinctivement – on dira : par nature – avec la définition d'une politique chrétienne en intention et en acte. C'est dire que l'ouvrage de Jean-François Debiol est une apologie indirecte (et d'autant plus convaincante que l'auteur n'insiste pas d'emblée sur sa foi et son affiliation au Parti démocrate-chrétien) de la valeur, du caractère irremplaçable du christianisme (et - pourquoi ne pas le préciser ? – d'une certaine vertu qui lui est attachée) dans la conception et l'application de la seule vraie politique qui soit digne de ce nom. Ainsi donc pratique et théorie se nourrissent-elles l'une l'autre tout au long d'un livre qui nous semble toutefois trop laudatif envers le personnel politique français dans son ensemble. Le côté panier de crabes (qui ne se réduit pas au chapitre de l'ambition en politique)  – Debiol feint-il de l'ignorer ? – empêche fort souvent l'emploi puis la sélection des meilleurs au regard des caractéristiques requises. La question des investitures par un parti est primordiale ; elle est ici à peine abordée. Elle implique de s'interroger sur les conditions d'apparition à l'avenir d'un parti, d'un mouvement, fixe et unifié dans sa doctrine,- cette dernière, vous l'avez compris, nécessitant, pour reprendre le mot d'un fameux pape, une acception très saine (et non pas très sainte !) de la laïcité.

Curieusement, alors que Philippe de Saint-Germain l'avait aussi préfacé, L'Engagement des chrétiens en  politique (Privat) de Thierry Boutet est absent d'une bibliographie dans laquelle aurait du également apparaître Alexandre Havard, La méthode Havard – Pour un leadership authentique (éd. du Jubilé) et L'antipolitique (Privat) de Roland Hureaux. Ne l'oublions pas – et ceci nous conduit à moduler, si ce n'est refroidir la simplicité et l'optimisme de l'auteur -  ce dernier ouvrage est sous-titré : Peut-on avoir une classe politique encore plus nulle ?

 

Hubert de Champris

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