Article rédigé par Contrepoints, le 28 novembre 2024
Source [Contrepoints] : Certaines légendes urbaines ont la vie dure. Dans le champ de l’économie et de la politique, celle qui décrit la France comme un enfer ultralibéral dont tous les gouvernements récents sans exception, pour peu qu’ils soient issus de la droite, du centre et parfois même de la gauche social-démocrate, ont renforcé les caractéristiques d’austérité, de casse du service public, d’enrichissement des riches et d’appauvrissement des pauvres, tient incontestablement la corde.
Dans ce discours tenu aussi bien à l’extrême-gauche qu’à l’extrême-droite depuis fort longtemps, Emmanuel Macron est devenu l’archétype du démolisseur de notre système social. Il est vrai qu’il a parfois tenu des propos qui pouvaient facilement prêter à confusion. On se rappellera par exemple l’épisode du « pognon de dingue » ou sa promesse de campagne de réduire les effectifs de la fonction publique de 120 000 postes en 5 ans. Sans compter qu’il a effectivement baissé les aides personnalisées au logement (APL) de 5 € par mois, qu’il a mis fin aux recrutements de la SNCF au statut de cheminot et qu’il a limité l’ISF à la fortune immobilière.
Mais son prédécesseur François Hollande, quoique socialiste bon teint, a dû essuyer lui aussi le même genre de critiques quand il a tenté de réformer le code du travail. Quant à notre nouveau Premier ministre Michel Barnier, il a certes pris grand soin d’utiliser tous les bons éléments de langage sur la « justice fiscale » pour ne froisser personne, mais il n’en fut pas moins qualifié d’ultra-libéral inféodé à la rigueur budgétaire de Bruxelles dès son arrivée à Matignon il y a deux mois.