Article rédigé par Le Salon Beige, le 04 avril 2024
Source [Le Salon Beige] : De Pascal Praud dans le JDD : […] Si l’Église parle au cœur, elle parle aussi aux yeux. Vaincre le mal par le Beau était un joli programme. « Dieu doit beaucoup à Jean-Sébastien Bach », disait le très spirituel Emil Cioran. J’aime les cierges et l’encens, la musique sacrée et les prières. La liturgie catholique éveille les sens, tous les sens. Je regrette la solennité perdue, l’oubli de Mozart, Bach, Haendel, les jours de messe, les homélies convenues et les prêtres en jean. Le dépouillement de la liturgie a-t-il favorisé la déchristianisation ? On raconte qu’un moine avoua un jour à son abbé que sans le secours de la liturgie, il eut abandonné la robe. Le soir de Noël, le Stille Nacht, Heilige Nacht ouvre les portes du paradis. Vatican II a abandonné la messe en latin. Vatican II a oublié que le mystère sublime la foi. « La liturgie est devenue opaque et ennuyeuse par son goût du banal et du médiocre », a écrit le cardinal Ratzinger, futur Benoit XVI, dans Entretien sur la foi paru en 2005. Gloria Patri et filio et spiritui sancto.
Je n’ai jamais pensé qu’au moment de passer de l’autre côté du miroir, un monsieur à barbe blanche attendrait derrière la porte, qu’il jaugerait mon passage ici-bas à l’aune de critères évidemment divins et qu’il notifierait mon emploi du temps pour des siècles et des siècles. Je faisais de la résistance au catéchisme. Je n’aimais pas dire si j’adhérais ou non au fils, au père et au Saint-Esprit. Aucun appel n’a transpercé mon âme le jour de ma communion. J’ai visité des églises, des cathédrales, des monastères, là où le hasard m’amenait sans que la foudre qui frappa Paul Claudel un matin de Noël à Notre-Dame de Paris ne trouve le même chemin : « En un instant mon cœur fut touché et je crus. »