Article rédigé par Atlantico, le 04 janvier 2024
Source [Atlantico] : Selon une nouvelle étude publiée dans la revue Scientific Reports, la décroissance serait inutile pour la planète en plus d’être toxique pour les pauvres.
Atlantico : Selon l’étude « Modeling transformational policy pathways on low growth and negative growth scenarios to assess impacts on socioeconomic development and carbon emissions » publiée dans la revue Scientific Reports, la décroissance serait inutile pour la planète en plus d’être toxique pour les pauvres. Comment cette étude est arrivée à de telles conclusions ?
Alexandre Baumann : L'étude utilise un modèle, nommé "International Futures" (IFs), incluant beaucoup de variables ( l'agriculture, le climat, le conflit, la démographie, l'économie, l'éducation, l'énergie, la gouvernance, la santé, l'infrastructure, les relations internationales et la pauvreté) et propose plusieurs scénarios. Je ne saurais pas commenter leur méthodologie exacte. La conclusion n'est du reste pas étonnante : les indicateurs de progrès sont souvent très corrélés au PIB et plus une économie est mature, plus elle tend à diminuer son intensité carbone. L'économie, à production égale, polluait beaucoup plus il y a 20 ans.
Concrètement, quelles seraient les conséquences économiques, au niveau mondial, en cas de décroissance ? Dans quelle mesure l’extrême pauvreté augmenterait-elle ?
Avant de répondre à cette question, il faut se demander, qu'est-ce que la décroissance ? Posons la question à Google. En anglais, on obtient le site degrowth.info, selon lequel "la décroissance est une idée qui critique le système capitaliste mondial qui recherche la croissance à tout prix, provoquant l'exploitation humaine et la destruction de l'environnement". C'est éloquent ...
Maintenant regardons la grande synthèse publiée par Timothée Parrique et compagnie en 2022. Elle est moins explicite, parlant de "réduction planifiée et démocratique de la production et de la consommation comme solution aux crises socio-écologiques". Ce qui revient au même, mais avec une couche de novlangue donnant des apparences plus acceptables. L'article précise plus loin, parlant d'un "concept à plusieurs couches" combinant les critiques du capitalisme, du colonialisme, du patriarcat, du productivisme et de l'utilitarisme.
Bon, vous aurez compris, c'est juste une énième devanture de la tradition antilibérale, dans sa tendance anticapitaliste, si courante depuis l'avènement de la révolution industrielle et qui a toujours été très efficace pour prendre le pouvoir (et le perdre après avoir causé des drames terrifiants).
La "décroissance" est juste un prétexte à la prise de pouvoir du politique sur l'économie. On sait aujourd'hui que ces systèmes écrasent les populations et les unissent dans la misère (sur ce thème, je vous encourage à suivre @Cobra_FX_ et ses threads).
Pour l'illustrer, prenons un exemple de décroissance présenté par "Transitioning to a Post-Carbon Society", édité par la fameuse maison Palgrave MacMillan: le petit (54 foyers) écovillage de Cloughjordan en Irlande. Il va présenter plusieurs de ses innovations écologiques et, à chaque fois, c'est d'un ridicule achevé. Par exemple, est monté aux nues un système de chauffage de l'eau commun à partir des résidus de bois d'une scierie proche et de panneaux solaires ... (innovation de l'année: le poêle à bois) Néanmoins, le pire est quand il présente comme exemple la ferme locale: deux terrains, de 5 et 11ha exploités ... en biodynamie.
On sent venir la blague. Elle arrive .. L'exploitation repose sur le travail de WOOFERS, de bénévoles et de ses clients. (p.196) Le reste est dans la même veine, la désinformation pseudo-écologiste est sensible (ex: la pérennité du modèle reposerait notamment sur la "conservation active des semences", ce qui semble faire référence à la désinformation sur les semences, que j'évoque aussi ici). Ainsi, le modèle agricole présenté par ces auteurs-prophètes est juste une agriculture vivrière ésotérique. Exploitez toutes les fermes du monde ainsi, vous divisez la population par 10 au moins. Remarquez, ils se vanteront sans doute encore: "on a diminué de 90% les émissions de GES !"
Pour en revenir à la modélisation, la réponse est évidente: si on se met à moins produire, les pauvres pourront moins consommer. Les crises du blé en sont une illustration frappante de cette mécanique. C'est un risque vital pour certains pays comme l'Egypte. Le progrès économique, l'innovation et la diffusion du libéralisme ont radicalement diminué la misère dans le monde ces 40 dernières années. L'anticapitalisme n'a pas réussi à prévenir ce progrès, mais il peut toujours inverser la tendance ...Lire la suite
04/01/2024 01:00