Article rédigé par François Billot de Lochner, le 10 février 2022
La communication, et notamment la communication par l’image, est désormais l’outil majeur utilisé par tous les hommes politiques du monde entier. Certes, les discours peuvent être écoutés, mais seules resteront gravées dans les mémoires les images choc diffusées par les médias.
Déjà, il y a presque un siècle, la diffusion à grande échelle de la remontée des Champs-Élysées par de Gaulle, en 1944, mettait en lumière l’impact considérable de l’image au niveau mondial, bien plus important que les discours que le général a pu tenir par la suite.
La façon dont Vladimir Poutine vient d’accueillir Emmanuel Macron au Kremlin, il y a quelques heures, est à cet égard exemplaire. À l’évidence, le président russe n’avait rien laissé au hasard, et la vidéo qui circule sur l’accueil qu’il a réservé au président français est un chef-d’œuvre du genre. Qu’y voyons-nous ?
Vladimir Poutine est en position debout, veste fermée, au bout d’une immense table blanche, dans une immense salle blanche : le décor est glacial, comme le veut évidemment Poutine. Les portes s’ouvrent et apparaît un Macron, veste ouverte, qui bredouille à distance quelques mots en anglais avant que Poutine, séparé de son interlocuteur par cette immense table blanche, lui fasse signe de s’asseoir. Un tel accueil est rien moins que glaçant. Et si la posture physique de Poutine est toute de rigueur, Macron, avant de s’asseoir, met fébrilement une de ses mains dans sa poche, traduisant ainsi le malaise qu’il éprouve en face d’un président russe impérial.
Quel est le sens de cette mise en scène de Vladimir Poutine ? Montrer à la terre entière que les relations internationales à la mode Macron, faites d’embrassades désordonnées, de copinages hors de propos, de sourires convenus et ridicules, ne sont pas de mise au Kremlin : les relations internationales sont toutes autres. Poutine représente un pays doté de l’arme atomique et d’une armée puissante, regorgeant de matières premières, s’opposant frontalement à la déconstruction du monde proposée par les « élites » occidentales : par la façon dont il accueille son interlocuteur, il montre aux yeux du monde que la Russie éternelle est à des années-lumière de la mortelle décadence occidentale.
De la rencontre Poutine-Macron, il restera dans la mémoire collective la démonstration qu’un grand président a reçu à sa façon, une façon impériale, un président de l’Union européenne qui, pour lui, compte si peu.
François Billot de Lochner