Article rédigé par François Billot de Lochner, le 28 janvier 2022
Nul n’est besoin d’être un grand politologue pour comprendre que la campagne pour les présidentielles vient de connaître un tournant qui peut être décisif : ce tournant concerne l’entretien que Marion Maréchal vient d’accorder au journal Le Parisien.
Dans cet entretien, Marion déclare tout de go que se réinvestir en politique est quelque chose qui la « titille » depuis des mois, et que ce réinvestissement ne pourrait se faire du côté de Marine, mais pourrait se faire du côté de Zemmour.
Dans ce que l’on appelle actuellement « la chasse aux ralliements », chaque candidat fait feu de tout bois. Valérie Pécresse a obtenu le séduisant ralliement du très séduisant Jean-Christophe Lagarde, patron de l’UDI, dont les meilleures idées consistent à amasser chez lui des armes de guerre et à vouloir mettre deux balles dans la tête d’Éric Zemmour : on a les ralliements qu’on mérite. Plus intelligemment, Zemmour rallie peu à peu des têtes du Rassemblement National, comme l’emblématique Gilbert Collard, ou des têtes des Républicains, comme le non moins emblématique Guillaume Peltier : les prises sont bonnes, incontestablement. Mais un ralliement de Marion ne serait ni une « prise », ni une « bonne prise » : cela serait une révolution. Pourquoi ?
Tout d’abord, la notoriété de Marion, ainsi que sa popularité, sont suffisamment grandes pour que l’on ne puisse évoquer le terme de « bonne prise ». Si Marion rejoint Zemmour, ce sera de façon libre, sous ses propres conditions, à prendre ou à laisser : il est fort peu probable que Zemmour ne se plie pas avec bonheur aux conditions de la très volontariste Marion.
Ensuite, au moment où Macron descend peu à peu dans les sondages, et où Zemmour, Le Pen et Pécresse se tiennent dans un mouchoir de poche, la déflagration Marion risque de changer fondamentalement la donne, en faisant bondir Zemmour dans les intentions de vote. Car Marion, jeune femme de fer, sait communiquer avec une immense douceur et empathie, et avec un profond respect pour ses interlocuteurs, quels qu’ils soient. Quel atout exceptionnel dans la campagne de Zemmour !
Pour Macron, cet entretien de Marion avec un journaliste du Parisien lui promet des nuits blanches à répétition, car l’éventualité d’un ticket Zemmour-Marion se traduirait très probablement par un second tour Zemmour-Macron, au cours duquel un débat entre ces deux candidats pourrait sonner la fin de la vie politique du grand déconstructeur qu’aura été l’actuel président de la République.
Zemmour chamboule tout le jeu politique depuis six mois. Marion va chambouler tout le jeu politique dans les huit semaines à venir. Ce grand jeu de « chamboule tout » est particulièrement réjouissant, et réveille l’espoir.
François Billot de Lochner