Article rédigé par Valeurs actuelles, le 21 décembre 2021
Source [Valeurs actuelles] Face à la prolifération de l’écriture inclusive dans les documents administratifs, le maire de Lavaur dans le Tarn, Bernard Carayon, a décidé de mettre un terme à cette pratique dans les textes officiels de sa commune. Plus qu’une simple lutte contre le logos progressiste, il s’agit selon l’édile LR d’un véritable combat civilisationnel.
En quoi l’écriture inclusive représente-t-elle une menace pour notre patrimoine ?
Bernard Carayon. Au cours de son histoire, l’Occident a connu pendant près de 150 ans la lutte des classes. Maintenant, c’est la lutte des races et la lutte des sexes qui s’est emparée de l’esprit dément d’un certain nombre d’intellectuels et de personnalités à gauche. Je ne pense pas du tout que ce soit par la loi, que l’on puisse corriger ce ‘‘truc’’. Je pense que ça passe par les élus locaux, parce que nous irriguons les territoires de propositions face à des écolos dingues qui mettent du conflit sur tous les sujets, en particulier à ceux attenant à notre héritage national et local.
Qu’est-ce-qui vous a motivé à vous emparer d’un sujet de politique nationale pour votre municipalité ?
Je voulais mettre un coup d’arrêt à l’utilisation excessive de l’écriture inclusive dans les tribunes libres parues dans le bulletin municipal. Le deuxième point de contexte, c’est la non-application de la circulaire Philippe du 21 novembre 2017 interdisant l’usage de l’écriture inclusive dans les documents de l’État. La réalité, c’est que cette écriture inclusive continue à s’insinuer comme un poison dans les pratiques administratives.
En quoi cette dérive progressiste menace-t-elle l’équilibre de la langue française ?
Je considère que cette méthode d’expression est issue d’un courant de l’extrémisme féministe. L’écriture inclusive est porteuse de manière générale des excès de la cancel culture, qui considère que la langue reproduirait les inégalités entre les hommes et les femmes. Ce qui est grotesque.
Le genre grammatical n’a pas de sexe. Ce n’est pas en torturant notre langue, partagée par plusieurs millions de francophones, que nous allons réduire les inégalités de salaires homme-femme ou mettre fin aux violences sexuelles. Notons également que notre langue est déjà fragilisée par la multiplication des anglicismes, l’effondrement du niveau de l’orthographe dans la population et cette prolifération de l’écriture inclusive sur les réseaux sociaux. Je pense à cette chanson de George Brassens, Quand on est con, on est con, qui une fois mise en écriture inclusive montre combien celle-ci est illisible et imprononçable.
Quelles mesures avez-vous prises en conséquence ?
J’ai fait adopter par mon conseil municipal une délibération qui proscrit l’écriture inclusive dans tous les documents officiels de la ville. Au-delà de cette délibération, j’ai demandé à tous les chefs de service quand ils étaient saisis par courriers et courriels utilisant l’écriture inclusive, d’inviter les signataires à corriger leurs textes, faute de quoi ils n’auraient pas de réponse de la part des services de la ville.
Qu’est-ce-qui selon-vous explique aujourd’hui que ce phénomène de l’écriture inclusive soit devenu un véritable combat politique, dont vous-même êtes aujourd’hui un farouche opposant ?
Il ne faut pas capituler devant des minorités extrémistes, portées par un courant américain destructeur. Face à la déconstruction, il faut prôner la reconstruction. Il faut amener cette déviation intellectuelle à ce qu’elle est. C’est-à-dire quelque chose de grotesque.
François Ier avait fait adopter avec l’Édit de Villers-Cotterêt l’emploi de la langue française dans les documents officiels. Aujourd’hui, l’écriture inclusive est en passe de devenir la norme. Comment expliquez-vous cette déchéance de la langue française ?
L’effondrement de la langue française est dû à la baisse du niveau scolaire. Cela s’explique en partie par la chute du niveau de lecture et d’orthographe, ainsi que par la baisse du niveau de recrutement des professeurs et des moyens alloués à l’éducation. Il y a une dégradation de l’éducation, de l’instruction à l’école. L’orthographe n’est plus maîtrisée. Vous imaginez Jean Jaurès devant un texte en écriture inclusive ? Il serait partagé entre l’éclat de rire et la colère.
En quoi ce sujet sera un sujet majeur pour l’élection présidentielle ?
Cela rentre dans le chapitre civilisationnel. Une civilisation, c’est un patrimoine, matériel et immatériel, dont font partie l’histoire, l’architecture et la langue. Mais, aujourd’hui, cette richesse linguistique est attaquée par cette sous-culture américaine. Pour les Européens, c’est un vrai défi à relever.
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