Article rédigé par Boulevard Voltaire, le 01 juillet 2021
Source [Boulevard Voltaire] Racines chrétiennes de l’Europe, mesures arbitraires d’interdictions du culte, relations avec l’islam, matérialisme de notre société, religion du corps, transmission… Autant de questions fondamentales qu’aborde l’évêque auxiliaire de l’archidiocèse catholique d’Astana, au Kazakhstan, au micro de Gabrielle Cluzel.
Je suis l’évêque auxiliaire de Noursoultan la capitale de Kazakhstan. Le diocèse s’appelle le diocèse de Sainte Marie. Kazakhstan est un pays dans l’Asie centrale.
J’aimerais que nous parlions de la France puisque vos déplacements fréquents vous permettent de faire des comparaisons et mettre en perspective. Que diriez-vous des catholiques français ?
Pendant le confinement, j’ai été impressionné de l’exemple des catholiques français. Ils ont protesté d’une manière pacifique contre ces mesures arbitraires de la prohibition du culte. Nous avons vu beaucoup de catholiques dans plusieurs lieux de la France prier le chapelet à genoux sur le trottoir en public. Je ne connais pas d’autres exemples de fidélité au culte en Europe pendant le confinement. C’était un exemple très impressionnant. Je pense que le catholique français a un héritage des martyres de la percussion de l’Église pendant la Révolution française, de la fidélité des catholiques de Vendée, des saints français notamment le saint curé d’Ars, sainte Thérèse de l’Enfant Jésus, la dévotion au cœur de Jésus qui a commencé en France avec Marguerite-Marie Alacoque à Paray-le-Monial, la dévotion eucharistique qui a été promue de manière très forte par Pierre-Julien Eymard, un saint français et les congrégations missionnaires francçaisestrès méritoires.
Pour cette raison, je pense que la France catholique a donné à toute l’Église un grand trésor de spiritualité des saints. Aujourd’hui, nous pouvons observer que les petites communautés françaises se forcent de garder cette fidélité de la foi catholique et transmettent la foi aux jeunes générations.
C’est un signe d’espérance.
Il est vrai que nous manquons de signes d’espérance. Sans faire de catastrophisme, si je fais en France un bref bilan, des dizaines d’églises ont brûlé, des profanations ont eu lieu et des vols de biens religieux ont été constatés. Plus de 1000 faits anti religieux par an ont été recensés. C’est la religion la plus attaquée. Le père Hamel avait été égorgé dans son église. Des fidèles à Nice ont eux aussi été assassinés dans leur basilique par un islamiste.
Dans un autre registre, des catholiques processionnant vers Montmartre ont été insultés et molestés. La messe a été interdite pendant le Covid et des prêtres et des fidèles ont été dénoncés comme mauvais citoyens puisqu’ils ne respectaient pas à la lettre le règlement. Enfant, vous avez éprouvé ce que signifiait être persécuté dans sa foi et ne pas pouvoir pratiquer. Pensez-vous que cela puisse arriver en France à court ou moyen terme ?
Ces phénomènes que vous avez énumérés sont déjà un signe. Je pense que les catholiques en France ne doivent pas se laisser intimider. Il faut avoir un esprit de courage et d’un témoignage public.
Il faut aussi défendre les droits des catholiques. Il faut avoir des associations avec des personnes de bonne volonté pour protéger les droits fondamentaux des chrétiens de l’espace public. Il peut arriver que les catholiques soient isolés ou discriminés, mais je ne pense qu’ils seront persécutés directement comme c’était le cas pendant la Révolution française. En revanche, je pense qu’il est possible que les catholiques soient isolés et discriminés de la vie publique et professionnelle à cause de leur fidélité à leur foi.
Retrouvez l'intégralité de l'article en cliquant ici