Article rédigé par François Billot de Lochner, le 29 juin 2021
La série noire des égarements des évêques de France n’en finit pas de produire de nouveaux épisodes, qui mettent à mal notre confiance et notre sens de l’espérance…
Dans ces colonnes, nous avons pu déplorer la frilosité de nos pasteurs à défendre le bien suprême de l’Eucharistie dans les heures sombres du confinement : combien rares et faibles ont été les voix à s’élever contre les graves atteintes à la liberté de culte dont les croyants catholiques ont eu à faire les frais.
Les messes ont repris, les contraintes sanitaires se desserrent, mais la boussole qui guide nos évêques donne plus que jamais le sentiment d’être complètement affolée.
Nous en voulons pour preuves plusieurs sinistres affaires qui ébranlent le cœur de nombre de croyants. L’affaire de l’abbaye de Pontigny, pour commencer. Deuxième fille de Cîteaux, Pontigny est la plus grande abbaye cistercienne d’Europe. Mise en vente par son propriétaire actuel, la région Bourgogne-Franche-Comté, elle est en passe de se transformer en un musée d’art contemporain, c’est-à-dire en musée des horreurs. Pourtant, la Fraternité Saint-Pierre avait fait un effort financier très solide pour acquérir cette abbaye et en faire un séminaire international. L’archevêque d’Auxerre, Monseigneur Giraud, s’est opposé à ce projet et a donc laissé la Région vendre ce joyau de la chrétienté, à un prix bradé, à un homme d’affaires pour le moins contestable financièrement, et qui va « décatholiciser » l’abbaye. Il refuse totalement que la messe dans la forme extraordinaire soit célébrée dans les vénérables murs de Pontigny. Les évêques français sollicités pour arbitrage, à commencer par Mgr de Moulins-Beaufort, à la tête de la Conférence des Evêques de France, ont préféré se laver prudemment les mains devant cette affaire.
Ce choix hautement contestable n’est malheureusement pas un acte isolé. La désacralisation semble être devenue le nouveau mot d’ordre de l’épiscopat, comme l’illustre l’indigne Festival 36h, hébergé sous les voûtes de l’église Saint-Eustache à Paris les 20 et 21 juin. Un événement « décalé », offrant non-stop de la « musique » pop, électro, et rock, selon les mots officiels : un programme en contradiction vivante avec la noble architecture de l’une des plus belles églises de Paris, dévolue à l’art sacré, mais qui est ici l’occasion de mettre en valeur toutes les folies du moment, sous le prétexte de « revisiter la liturgie », comme le proposait le programme de l’édition précédente. S’y produit par exemple la musicienne électro Léonie Pernet, nominée aux Out d’or, la cérémonie organisée par l’Association des journalistes LGBT, qui s’attache à donner de la visibilité aux problématiques LGBT, ou encore le chanteur Petit fantôme qui lui aussi pavoise aux couleurs arc-en-ciel, aux côtés d’autres artistes amplement vantés dans les colonnes de Libération ou de L’Humanité. Il paraît incroyable que l’archevêque de Paris, Monseigneur Aupetit, ait ainsi laissé faire avec complaisance : mais l’événement est bel et bien relayé par le site officiel du diocèse de Paris…
Aujourd’hui en France, l’ouverture est donc un concept à sens unique. Car que dire, bien sûr, du choix accablant posé par Monseigneur Minnerath, évêque de Dijon, de pousser hors de son diocèse de Dijon la Fraternité Saint-Pierre installée depuis vingt-trois ans, sans aucune justification ni les formes les plus élémentaires du respect et de la charité ?
Devant de telles nouvelles, nous ne pouvons donc que nous réjouir, pour faire bonne mesure, de la décision tout juste prise par les évêques américains de restreindre l’accès à la communion pour les hommes politiques qui défendraient des positions en contradiction ouverte avec l’enseignement de l’Eglise, et en particulier sur l’avortement, cela au nom d’un principe très estimable : la « cohérence eucharistique ». L’ouverture des cœurs à l’Evangile et à la personne du Christ ne saurait faire se faire de manière unilatérale, pour légitimer toutes les attitudes, tous les discours, qui par ailleurs sapent les fondements de notre foi. Merci aux évêques américains de nous le rappeler, dans leur écrasante majorité : en l’espèce, leurs collègues français feraient bien de trouver outre-Atlantique un peu d’inspiration !
François Billot de Lochner