Article rédigé par Le Monde, le 11 mai 2021
Source [Le Monde] Quarante ans après la victoire du 10 mai 1981, les socialistes français sont moribonds, faute d’avoir su gérer l’héritage européen qui était une opportunité autant qu’un piège, constate dans sa chronique Françoise Fressoz, éditorialiste au « Monde ».
Certains anniversaires tombent plus mal que d’autres. La célébration du 10 mai 1981 qui marqua, il y a quarante ans, la victoire de François Mitterrand et l’installation de l’alternance sous la Ve République renvoie inévitablement à la situation actuelle de la gauche « divisée et sans idées », ainsi que le déplore Jean-Christophe Cambadélis.
Rien n’est à enlever dans le constat éploré que dresse l’ancien premier secrétaire du PS dans Le Journal du dimanche : « Le total [de la gauche] dans les intentions de vote est le plus faible depuis cinquante ans. Jean-Luc Mélenchon ne conçoit l’unité que derrière sa radicalité. Les écologistes sont obsédés par l’idée de devancer les socialistes, qui soutiennent mollement Anne Hidalgo. La gauche se prépare à faire de la figuration à la présidentielle et refuse de bâtir un accord aux législatives, ce qui annonce plusieurs candidatures dans chaque circonscription, menant inéluctablement à sa marginalisation », constate-t-il.
Comment, en quatre décennies, la spirale de l’échec a-t-elle pu se substituer à la dynamique de la victoire ? Pourquoi les nombreux coups de semonce enregistrés durant cette période n’ont-ils débouché sur aucune correction de tir significative ?
Au centre du drame, la dislocation du PS s’est jouée sur un temps long, impliquant à des titres divers ceux qui prétendaient incarner l’héritage mitterrandien : Lionel Jospin, Laurent Fabius, Ségolène Royal, François Hollande mais aussi Jean-Luc Mélenchon, comme si aucun d’entre eux n’avait été capable de se hisser à la hauteur de l’enjeu. A moins que le legs laissé leur ait rendu la mission impossible.
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