Article rédigé par Atlantico, le 10 mai 2021
Source [Atlantico] Le chef de l'Etat français et les dirigeants de l'Union européenne ont donné le coup d'envoi, ce dimanche 9 mai à Strasbourg, de la "Conférence sur l'avenir de l'Europe", une vaste consultation citoyenne. Emmanuel Macron a plaidé pour une Union européenne plus agile, décidant "plus vite et plus fort" et a défendu le "modèle européen" face à la pandémie.
François Mitterrand aurait confié quelques mois avant de mourir : « je suis le dernier des grands présidents. Après moi, il n'y aura plus que des financiers et des comptables ». Une trop jolie formule, délicieusement mégalo et pompadourienne, relayée par ses admirateurs toujours prompts à relativiser les fautes du personnage au nom de sa complexité. Je ne vais pas me contenter de faire comme si la formule était bien de lui, je vais partir du principe selon lequel elle a orientée l’ensemble de ses deux septennats. Non pas un « après moi, le déluge » prononcé au crépuscule mais, dès le départ, une obsession, un projet occulte, une œuvre folle et réussie : faire en sorte qu’après moi ne règnent que des gnomes, des gouverneurs de province ou des représentants d’une agence de communication. Faire en sorte par conséquent que la France sorte de l’Histoire, de la souveraineté, et au fond du réel.
Deux thèses pourraient s’affronter ici, la fonctionnaliste et l’intentionnaliste. La première serait probablement plus sérieuse mais aussi plus austère, moins féconde ; je vais me faire un plaisir de ne pas la suivre. C’est attribuer une grande maestria à Mitterrand, mais certains vont jusqu’à lui prêter une stratégie du « baiser de la mort » avec les communistes ; alors, pourquoi pas. Imaginons que l’instauration d’un Royaume du blabla pour ses successeurs, destinée à mieux mettre ses actions en valeur auprès de la postérité, ait été voulue, dès le 10 mai ; et voyons comment dès lors tous les évènements s’expliquent et s’enchainent à merveille, jusqu’à aujourd’hui.
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