L'accueil des musulmans convertis : un problème pour l'Eglise
Article rédigé par L'Appel de Chartres, le 19 avril 2021 L'accueil des musulmans convertis : un problème pour l'Eglise

Mehdi Emmanuel Djaadi a quitté l'islam pour se convertir au Christ. Un parcours qui n'a rien d'évident... à commencer pour l'Eglise qui peine à accueillir ces nouveaux convertis. Un entretien accordé à L'Appel de Chartres, pour Notre-Dame de Chrétienté.

 

Qu’avez-vous découvert en entrant dans l’Eglise Catholique ?

J’ai fait un pèlerinage sur les chemins de Saint Jacques et un autre à Rome. J’avais goûté d’abord à ce qu’il y a de plus beau : les sacrements, l’Eucharistie. J’ai commencé par l'Eglise triomphante, joyeuse puis j’ai découvert aussi l'Eglise souffrante, l'Eglise pécheresse, j’ai cherché à comprendre mieux l'histoire de l'Eglise, pourquoi les croisades mais aussi les luttes internes encore actuelles : tradition, modernisme, différents courants etc… Une appréhension progressive du mystère de de l'Eglise dans son ensemble. Avec la difficulté de ne pas se sentir toujours accueilli.

Lorsqu’on arrive ainsi de l’Islam au catholicisme, qu’est-ce qu’on trouve et qu’est-ce qui manque ?

Je pense que si j’avais été un migrant musulman j’aurais été mieux accueilli par l’Eglise qu’en tant que musulman qui découvre le Christ parce qu’il n’y a rien pour ça ou presque. Accueillir un migrant, accueillir un pauvre ça c’est facile. Mais accueillir quelqu’un qui a quitté une religion, parfois a été rejeté, persécuté c’est autre chose. Les convertis nous dérangent parfois culturellement, mais aussi religieusement, au nom du dialogue interreligieux. Quelqu’un qui arrive et dit « Mais vous avez un trésor, j’ai goûté à ce trésor pourquoi ne voulez-vous pas le partager au plus grand nombre ? », on dira de lui très souvent que c’est le feu du converti, ça va se calmer. En fait c’est par de telles paroles qu’on éteint ce feu. On se pose des questions en se disant « c’est peut-être moi le problème » : il faut être discret avec nos coreligionnaires d’origine parce que l’apostasie est passible de peine de mort, il faut être discret dans notre nouvelle communauté parce qu’il ne faut pas bousculer le dialogue interreligieux, il ne faut surtout pas évangéliser les musulmans etc… Difficile de se positionner.

Pourtant il y a de nouvelles conversions régulièrement, cela veut dire qu’à un moment on leur a tendu la main tout de même ?

Beaucoup vous disent qu’ils ont essuyé deux voire trois refus de prêtres qui ont peur du scandale, qui veulent la discrétion et préfèrent ne rien faire. Fort heureusement tous les prêtres ne font pas comme ça, mais il y a peu de structures, même laïques pour aider et accompagner ces personnes, les intégrer ensuite dans la communauté paroissiale ; c’est d’ailleurs une des raisons pour laquelle nous avons fondé à plusieurs Missions Ismérie. Nous organisons d’ailleurs un pèlerinage le 5-6 juin prochain à Notre-Dame de Liesse pour leur permettre de se retrouver. Le but est de répondre à ces problématiques d’accueil et d’accompagnement humain, matériel et professionnel. Cela permet aussi aux membres laïcs de se former et de suivre un catéchumène… […]

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