Article rédigé par François Billot de Lochner, le 30 mars 2021
Depuis quelques mois, l’actualité a été riche en scandales moraux : l’affaire Kouchner-Duhamel, l’affaire Berry, l’affaire Cochard – un élu communiste accusé de viol (la victime s’est depuis suicidée), et la liste des affaires de mœurs des milieux politico-culturels ne cesse de s'allonger. Plus récemment, la cérémonie des César et la prestation d’exhibition sexuelle de Corinne Masiero ont choqué des millions de téléspectateurs. Toutes ces affaires sont l’étalage, au grand jour, de la corruption de notre société : tout est perverti, à commencer par notre rapport à la sexualité.
La question qui se pose, pour ceux qui, comme à Stop au porno, ont fait de la lutte contre la pornographie leur combat prioritaire, sentant qu’il s’agit bien là d’un enjeu de civilisation, n’est, d’une certaine manière, plus de savoir comment lutter, mais de savoir s’il est tout simplement possible de lutter.
Il faut regarder la réalité en face, notre culture est devenue profondément pornographique et notre quotidien est empoisonné : des lectures malsaines à l’école, de la publicité sur nos écrans ou dans la rue, des discours moralement permissifs, une littérature qui ne peut se vendre sans pages pornographiques ou assimilées, un consensus médiatique en faveur du passage à l’acte et de toutes les déviances, sans parler de la pornographie pour tous sur internet, bien sûr. Dans ces conditions-là, aucune génération ou aucune classe sociale ne peut s’estimer épargnée par le tsunami pornographique. C’est le porno pour tous, le porno partout.
Parmi ses nombreuses missions, l’association Stop au porno offre une cellule d’écoute pour tous ceux qui souffrent d’une addiction à ces contenus ou qui ont besoin de conseils pour un proche. Cette cellule d'écoute le dit de façon claire : "la normalisation et diffusion outrancière de la pornographie dans nos sociétés fournit le terreau de l’addiction". Elle ajoute que la pornographie est non seulement admise dans nos sociétés, mais également tolérée, quand elle n’est pas promue : "la naïveté, pour ne pas dire l’aveuglement volontaire, ou encore pire, idéologique, de nos structures politiques et sanitaires sur le sujet est dramatique". A ce sujet, nos dirigeants devront rendre des comptes. Comment donc espérer lutter dans ces conditions ? Il s’agit d’une bataille sans merci, sur un territoire où tous sont hostiles.
Le sinistre ouvrage à succès de Camille Kouchner, que nous aurons l’occasion de commenter et d’analyser à la faveur d’une prochaine conférence, qui se tiendra le mardi 13 avril, nous offre en la matière une parfaite grille de lecture. L’auteur dépeint plus qu’une société pornifiée : un système global qui corrompt tout. A tel point que, immergée ou noyée si l’on préfère, dans cette fange, elle ne réalise même plus que les bornes les plus élémentaires de la morale naturelle ont été franchies depuis longtemps.
Dans ces conditions, avec un exemple pareil venu d’en haut, des plus hautes sphères du pouvoir, comment s’étonner des dérives qui interviennent, ensuite, par mimétisme, à toutes les échelles de la société, et dans toutes les catégories de populations ? Nous parlons de dérives, mais dans un système dominé à ce point par l’immoralité, il ne s’agit plus de dérives, mais de choses tristement devenues communes et attendues, banales même, dont on se rend compte bien trop tard qu’elles détruisent en profondeur.
L’explosion des limites élémentaires de la morale est peut-être l’aspect le plus grave de la crise à laquelle nous sommes confrontés aujourd’hui. Où est le bien, où est le mal ? Comment qualifier ce qui est acceptable et ce qui ne l’est pas quand on a volontairement fait voler en éclats toutes les règles ?
C’est là que se trouve donc la première pierre de notre travail de reconstruction.
François Billot de Lochner