Article rédigé par Le Figaro, le 26 janvier 2021
Source [Le Figaro] Fin connaisseur de l’idéologie diversitaire dans le monde anglo-saxon, Andrew Doyle a créé un personnage fictif, baptisée «Titania McGrath», pour en parodier les outrances. Le comédien et écrivain redoute que les politiques de discrimination positive promises par Joe Biden attisent les tensions au sein de la société américaine.
Andrew Doyle est un comédien, journaliste et écrivain britannique qui contribue régulièrement aux journaux anglophones comme le Spectator USA, Spiked, ou encore le Daily Mail. Il publie en février prochain Free Speech: Why it matters sur l’importance de la liberté d’expression. Sur Twitter, il a créé un personnage fictif, Titania McGrath, pour parodier l’idéologie progressiste du monde anglophone. Titania a «publié» deux ouvrages, dont le plus récent est My first little book of intersectional activism (Hachette UK).
FIGAROVOX. - Qu’est-ce qui a mené à la création du compte parodique «Titania McGrath»?
Andrew DOYLE. - Le mouvement pour la justice sociale est récemment devenu prédominant et a commencé à s’appeler «woke» (éveillé). Je tiens à préciser que ce terme n’a pas été inventé au départ par ses détracteurs. Il ne s’agit pas à l’origine d’une dénomination péjorative employée par la droite, mais sous le feu des critiques, c’est progressivement devenu le cas.
Ce qui était autrefois un discours que l’on ne lisait que de manière marginale sur Internet et chez certains universitaires a commencé à se répandre. Les gens ont commencé à remarquer dans leurs films que Hollywood les sermonnait et leur dictait ce qu’ils devaient penser. Des programmes de télévision disparaissaient soudainement des services de streaming. De plus en plus de gens semblaient demander bruyamment de restreindre la liberté d’expression.
C’est à ce moment-là que j’ai décidé de me moquer de ce mouvement devenu de plus en plus puissant. Titania tweete des choses comme «La seule raison pour laquelle les blancs ont des enfants est qu’ils peuvent simuler l’expérience de posséder un esclave», ou encore «Les enfants ne sont jamais trop jeunes pour apprendre les maux de la Blanchitude. Je viens d’enchaîner ma nièce de quatre ans au belvédère du jardin et de lui dire de réfléchir à sa complicité dans la traite des esclaves. Elle s’est immédiatement mise à pleurer, ce qui n’est qu’une preuve de sa fragilité blanche.»
Avec ce personnage, je me moque clairement d’un mouvement devenu dominant. On ne devrait jamais vraiment s’en prendre aux faibles, lorsque l’on fait de l’humour, seulement aux puissants. Je ne plaisante pas sur le dos des minorités, mais je critique un mouvement qui les utilise pour leurs propres fins. Les gens font une erreur similaire avec Charlie Hebdo, en supposant qu’ils s’attaquent aux musulmans alors qu’en réalité ils s’en prennent à une organisation théologique et à une croyance religieuse très puissante, l’islamisme politique.
Il y a l’idée selon laquelle si l’on plaisante au sujet des excès de certains courants victimaires, alors on cautionne telle ou telle forme de discrimination. Si je plaisante sur l’homophobie, selon certains, je suis donc homophobe, ce qui n’a pas de sens. Je me moque en réalité de la très puissante minorité bourgeoise de la classe moyenne qui détient beaucoup de pouvoir dans les grandes institutions, les arts, les médias, la politique, la loi, les forces de l’ordre, mais qui se perçoit néanmoins comme une classe d’outsiders, d’opprimés. En réalité, ils sont paternalistes, d’abord en disant aux minorités ce qu’elles devraient faire et ensuite en faisant la morale à tout le reste de la société.
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