Article rédigé par Le Monde, le 12 janvier 2021
Source [Le Monde] Le parquet de Bobigny a ouvert une enquête préliminaire au printemps 2019 pour « viols et agressions sexuelles sur mineurs de moins de 15 ans » à la suite d’accusations formulées par le sculpteur Laurent Faulon.
Longtemps, Laurent Faulon s’est drogué. Des opiacés, pour tenter de surmonter un « mal-être » persistant. Sa dépendance, raconte-t-il au Monde, a commencé au milieu des années 1980. Il avait 16 ans. Longtemps, ce sculpteur, aujourd’hui âgé de 51 ans et installé en Suisse, a tu les zones d’ombre de son enfance, hormis à ses plus proches, dont sa femme. Par honte. Aussi, sans doute, à cause d’un sentiment de culpabilité difficile à dépasser. « Longtemps, explique-t-il, j’ai refusé de voir l’évidence, à savoir que cette addiction avait un rapport avec ce que j’avais vécu enfant. C’est un schéma classique, mais je refusais de réaliser. »
Après tant d’années, il a décidé de parler. Laurent Faulon a d’abord contacté des associations. Puis il a saisi la justice. Le 20 février 2019, il a envoyé un courrier à la procureure de Bobigny, dans lequel il dénonce des « abus sexuels » subis entre ses 10 et 17 ans, par le même homme. Des rapports intimes dans un contexte d’emprise, qu’il a tenté, en vain, d’oublier. « J’ai conscience que les actes criminels dont j’ai été victime sont certainement aujourd’hui prescrits, écrivait-il dans cette lettre longue de huit pages, mais cette plainte me permet de dénoncer à la justice d’autres actes non prescrits sur d’autres victimes et de signaler qu’un ou plusieurs mineurs sont à l’heure actuelle en grand danger d’abus sexuels si l’irréparable n’a pas déjà été commis. »
Quelques semaines plus tard, le parquet de Bobigny a ouvert une enquête pour viols et agressions sexuelles sur mineurs de moins de 15 ans, confiée à la sûreté départementale de Seine-Saint-Denis. La procédure judiciaire est toujours en cours, a confirmé au Monde la procureure de Bobigny, sans autre commentaire.
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