Article rédigé par Le Salon Beige, le 07 janvier 2021
Source [Le Salon Beige] Le cardinal Stefan Wyszyński est sans conteste l’une des figures les plus marquantes de l’Église polonaise du début du XXe siècle. 2021 marque le 120e anniversaire de sa naissance ainsi que le 40e anniversaire de sa mort.
En lui dédiant cette année, les parlementaires veulent honorer l’ancien archevêque de Varsovie qui,
«dans son activité sacerdotale a prêté attention à la dignité intrinsèque de l’homme, dont découlent tous ses droits».
Outre son profond engagement religieux, le même document rappelle également l’implication du cardinal Wyszyński dans la vie sociale de la nation polonaise, dans la période difficile de l’après-guerre et de la domination soviétique.
«En tant qu’homme de foi et d’amour pour l’Église et la patrie, il a cherché à s’entendre avec les autorités. Cependant, lorsque l’activité de la République populaire de Pologne a menacé les droits de l’Église et des fidèles, son « Non possumus ! » résolu a été entendu».
La béatification du cardinal devait avoir lieu le 7 juin 2020 à Varsovie; mais décision a été prise de la reporter à une date ultérieure en raison de l’épidémie.
Né dans une famille catholique modeste, en 1901, dans un village de l’Empire russe, Stefan Wyszyński a été formé au séminaire de Wloclawek, à 160 km de Varsovie, il sera ordonné prêtre en 1924. Lors de l’occupation allemande de la Pologne, son évêque le contraint à abandonner ses études de droit canonique, et à exercer son ministère dans la clandestinité. La Gestapo avait inscrit son nom sur la liste des religieux polonais considérés comme dangereux, au même titre que saint Maximilien Kolbe. Lors de l’insurrection de Varsovie, en 1944, le père Wyszyński sert comme aumônier militaire. Il recueille la confession et donne les derniers sacrements aux mourants, qu’ils soient Polonais ou Allemands. A la fin de la Seconde Guerre mondiale, le Comité de libération nationale, sous contrôle de l’Union soviétique, dirige le pays. À cette époque, le père Wyszyński est ordonné évêque de Lublin, puis nommé archevêque de Gniezno et de Varsovie. Il préside la conférence épiscopale à partir de 1948 et jusqu’en 1981, défend la liberté religieuse et la paix, réclamant un désarmement dans le pays.
En 1952, l’avènement de la République populaire de Pologne met le clergé dans la ligne de mire des autorités qui instaurent une propagande marxiste et athée. Malgré la récurrence d’articles virulents de la Pravda à son encontre, Mgr Wyszyński signe une lettre ouverte au gouvernement polonais, intitulée «Non possumus». Les évêques polonais en sont tous signataires. Ils refusent de collaborer avec le régime communiste. Le 25 septembre 1953, il est interpellé et incarcéré pendant trois ans, n’emportant avec lui que son bréviaire et son rosaire. Alors qu’il est en prison, le Pape Pie XII le crée cardinal lors du consistoire du 12 janvier 1953. À sa libération, à la faveur de l’Octobre polonais, il reprend son ministère, mais ne pourra se rendre à Rome qu’un an plus tard, en 1957, pour recevoir sa barrette.
Cardinal électeur lors du conclave de 1978, on perçoit son émotion intense lorsqu’il s’agenouillera et tombera dans les bras de son ami Karol Wojtyla, nommé évêque de Cracovie en 1958 et tout juste élu au siège de Pierre. Le cardinal Stefan Wyszyński décède le 28 mai 1981, quinze jours après la tentative d’assassinat infructueuse visant Jean-Paul II.