Article rédigé par Le Figaro, le 09 décembre 2020
Source [Le Figaro] De Rennes à Nice, en passant par Paris ou Toulouse, les crises suicidaires et les troubles anxieux et anorexiques se multiplient, chez les adolescents, depuis le reconfinement.
C’est un état des lieux effarant que dressent des pédopsychiatres de plusieurs grandes villes de France: de Rennes à Nice, en passant par Paris ou Toulouse, les crises suicidaires (tentatives et idées suicidaires), les troubles anxieux avec somatisation (douleurs physiques inexpliquées) et les troubles anorexiques se multiplient, chez les adolescents, depuis novembre.
«Ce que je pointe, avec beaucoup d’autres collègues, c’est qu’il n’y a pas d’augmentation des crises suicidaires quand on compare les chiffres de septembre-octobre 2020 à ceux de la même période en 2018 et 2019», alerte le Pr Sylvie Tordjman. Chef du Pôle hospitalo-universitaire de psychiatrie de l’enfant et l’adolescent de Rennes, elle a consacré une étude à la question. «C’est bien le reconfinement qui a déclenché une flambée alarmante de ces troubles», poursuit-elle.
En novembre, 48 mineurs ont été accueillis aux urgences pédiatriques de Rennes pour des crises suicidaires. C’est près de trois fois plus qu’en novembre 2019. «On a une dizaine de jeunes qui présentent des idées suicidaires et quatre tentatives de suicide chaque semaine, avec une prépondérance anormale de filles, détaille le Pr Tordjman. D’ordinaire, c’est une à deux tentatives par semaine. On relève des recours à la pendaison et à la défenestration singulièrement élevés. Par ailleurs, en novembre 2019, tous les jeunes de 16 à 18 ans étaient repartis chez eux après une courte hospitalisation. Là, sur 11 jeunes hospitalisés entre le 1er et le 12 novembre, par exemple, seuls trois ont pu retourner à domicile avec un suivi en ambulatoire. Tous les autres ont été hospitalisés au long cours pour dépression sévère avec risque de récidive.»