Article rédigé par BFM TV, le 19 novembre 2020
Source [BFM TV] Les jours qui ont suivi son cours controversé sur la liberté d'expression, Samuel Paty a longuement échangé avec ses collègues et la principale de l'établissement, qui lui a apporté un soutien sans faille face aux menaces.
Durant la semaine qui a précédé son assassinat, Samuel Paty a longuement échangé par mail avec ses collègues et sa hiérarchie à propos de son cours sur la liberté d’expression qui a créé la polémique chez certains de ses élèves et leurs parents. Un épisode qui se soldera quelques jours plus tard par l’action terroriste d’Abdoullakh Anzorov, ce jeune d’origine tchéchène qui a voulu "venger" son prophète.
Le 5 octobre, le professeur d’Histoire-Géographie se penche avec ses élèves sur la question des caricatures de Mahomet, les interrogeant ainsi: "Faut-il ne pas publier ces caricatures pour éviter la violence ou faut-il publier ces caricatures pour faire vivre la liberté?"
"J’entame un travail de réflexion où je montre une caricature 'trash' pendant quelques secondes. Je propose aux élèves qui auraient peur d’être choqués de ne pas la regarder (et pas seulement aux élèves musulmans) ou de sortir quand une auxiliaire de vie scolaire est présente", explique Samuel Paty dans un mail du 11 octobre que BFMTV a pu consulter.
Il explique ensuite avoir "déconstruit les arguments islamistes. Par exemple, il n’y a pas de blasphème car la République est laïque. En outre, l’argument qui est de dire qu’il y a une loi divine supérieure à celle des hommes est vide de sens dans un État qui n’est pas musulman et en sachant que les auteurs de ses caricatures ne sont pas musulmans".
Malgré les efforts du professeur de n’offenser aucun élève, la fracture est entamée. "Une mère d’élève a mal compris ma démarche et a cru à la discrimination ce qui juridiquement n’est absolument pas le cas", développe-t-il auprès de sa direction et de ses homologues. Cette femme a rapporté l’épisode au père de Z. "qui semble d’opinion radicale".