Article rédigé par Atlantico, le 19 octobre 2020
Source [Atlantico] La peur du mal fait sans doute plus de mal que le mal lui-même. Elle affaiblit la capacité de résilience et détériore les conditions d’activités économiques et sociales. Mais a priori personne n’a de remède contre cette peur.
« Il faut s’habituer à vivre avec le virus, dit en substance le président du Medef, et adapter les conditions de travail aux contraintes sanitaires, mais il ne faut en aucun cas arrêter de travailler »...L’analyse de Geoffroy Roux de Bézieux est évidemment partagée par la majorité de l’opinion publique ... Seulement, ces conseils de bon sens n’empêchent pas les risques de paralysie et de peur. Et on s’aperçoit à tous les niveaux qu’éradiquer cette peur s’avère extrêmement difficile. Pourquoi, comment? C’est évidemment toutes les questions auxquelles il faudrait apporter des réponses recevables par le plus grand nombre.
1er point : C’est vrai qu’il existe des vraies raisons de craindre une remontée des risques de l’épidémie. Contrairement à ce qu'on avait cru trop vite, la deuxième vague s’est bel et bien formée sur l’ensemble des pays européens. On a recensé plus de 32 000 contaminations supplémentaires en une journée sur le territoire français, ce qui est un record... C’est vrai aussi que le système de santé français n’est pas en mesure d’absorber et de gérer un afflux de malades graves, comme ce fut le cas en mars dernier.
Le résultat de cette situation, c’est que si la grande majorité de la population, et notamment les jeunes générations, se croient naturellement protégées contre le virus, une part grandissante se retrouve confrontée au mal épidémique, via un parent ou via un ami. Le système qui décrit la situation mondiale accroit l’intensité et l’universalité de ce mal profond.
C’est vrai aussi que la perspective de trouver très rapidement un vaccin ou un traitement paraît très éloignée.
C’est vrai, enfin, que cette situation objectivement anxiogène se nourrit aussi de l’insécurité terroriste qui est entrée jusque dans l’école publique, des risques climatiques et de l’incertitude irrationnelle des progrès scientifiques. On a l’impression que tout est désormais porteur de danger ou de perturbation. Des vaccins à la 5G. Quelle époque !
2e point : l’ensemble de l’exécutif, les responsables politiques et administratifs font ce qu’ils peuvent avec ce qu’ils savent. Or, ils ne savent pas grand-chose sur l’évolution probable du virus. Mais ils savent aussi que, quoiqu’ils fassent, ils seront comptables des résultats devant le peuple et devant la justice. Ils actionnent donc le principe de précaution dans tous les domaines. Et en vertu de ce principe, le seul moyen d’éviter les ennuis, c’est de freiner la circulation du virus, de confiner et de mettre sous cloche la plupart des agents propagateurs. Cette politique de protection, qui est appliquée pratiquement dans le monde entier, a un peu partout les mêmes effets : elle freine la circulation du virus mais ralentit aussi l’activité économique. Selon le FMI ou l‘OCDE, le PIB mondial va baisser cette année de plus de 11 % avec un effondrement de 70 % au deuxième trimestre. Toujours selon le FMI, les économies peuvent rebondir de 5 à 6 % en 2021 et retrouver le niveau d’avant l‘épidémie en fin 2022. Ce scénario est évidemment peu réjouissant parce qu’il produit plus de 5 à 6 millions de chômeurs supplémentaires en Europe (en moyenne 10 % des populations actives) en 2021. Et surtout creuse les inégalités entre les riches et les autres sur la planète. On estime que plus d’un milliard d’êtres humains pourraient retomber en dessous du seuil de pauvreté dans le monde, alors qu’ils en étaient sortis depuis une dizaine d’années avec le développement du commerce international désormais bloqué.
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