Article rédigé par francetvinfo.fr, le 10 septembre 2020
Source [francetvinfo.fr] Depuis sept mois, les données sanitaires sont devenues essentielles pour scruter l'évolution de l'épidémie. Pourtant, leur élaboration et leur mise à disposition du grand public ne s'est pas faite sans accroc.
C'est un constat très simple qui se dresse en regardant les cartes mondiales du Covid-19. Sur ces mappemondes de l'université Johns Hopkins ou de Google, consultées par des millions d'internautes, le nombre de cas confirmés est représenté finement chez nos voisins : un point de taille variable pour chaque région en Italie, Land en Allemagne ou communauté autonome en Espagne. Mais en France, un seul point grossier est dessiné, centré sur l'Hexagone. Résultat : le lecteur passe à côté des fortes disparités régionales apparues dès le début de l'épidémie. L'explication à cette originalité française ? Contrairement aux autres pays, la France ne met pas à disposition le nombre de nouveaux cas confirmés, au sens utilisé dans les communiqués du ministère chaque soir, par région.
Notre pays est-il en retard ? Pour comprendre cette particularité, il faut se plonger dans la centaine d'indicateurs apparus depuis le mois de mars. Ce flot de chiffres, devenu aujourd'hui routinier et indispensable, est loin d'avoir été un long fleuve tranquille : né dans l'urgence de la crise au printemps, il a fait l'objet de quelques couacs, ballotté entre besoins de communication, décisions politiques et critiques sur le manque de transparence.
"Lors de la première vague, on avait des indicateurs assez rustiques", déclarait le 26 août Jean Castex. Et c'est peu dire. En février, alors que la France prenait conscience de l'épidémie, aucun des indicateurs scrutés quotidiennement aujourd'hui n'était encore calculé. Le suivi était réalisé par les agences régionales de santé (ARS), sans méthodologie harmonisée. Au fil de leurs communiqués de presse, on trouvait, chez certaines seulement, le nombre de cas par département, parfois des informations précises sur chaque personne décédée du Covid-19, et les informations renseignées changeaient parfois d'un jour à l'autre. "Tout le monde était sous l'eau, ça a été une course permanente. Il y a eu du flou, des corrections, parce que les gens ont documenté comme ils pouvaient l'information", se souvient un agent d'une ARS. Tout le monde doit aussi composer avec des tensions historiques entre les différents acteurs, notamment entre l'expertise scientifique de l'agence Santé publique France (SPF), chargée de la surveillance épidémiologique, et la vision opérationnelle du ministère.
A partir du 3 mars, Santé publique France, créée en 2016 pour surveiller et prévenir de nombreuses pathologies, commence à publier un bilan quotidien : 212 cas confirmés, quatre décès, indique une des premières infographies, sous forme de six carrés de couleur résumant les informations disponibles à cette date. A cette période, la conférence de presse du directeur général de la santé, Jérôme Salomon, devient un rituel médiatique, chaque jour aux alentours de 19 heures. "Il y avait une vraie demande de l'opinion publique pour avoir ces informations. Les points presse permettaient non seulement d'avoir le décompte, mais aussi l'explication de texte, pour dire ce qu'on savait et ce qu'on ne savait pas", explique la direction générale de la santé.
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