Article rédigé par Boulevard Voltaire, le 24 août 2020
Source [Boulevard Voltaire] Jean Messiha analyse la position du pape et de l’Église sur les questions migratoires par rapport à la « géopolitique du Vatican ». Il dénonce aussi la vision superficielle et “Bisounours” qui règne dans la hiérarchie catholique.
Vous accusez l’Église catholique d’avoir protégé un migrant en situation irrégulière. N’êtes-vous pas en contradiction avec l’esprit de bienveillance prôné par l’évangile ?
Oui et non. L’Église a toujours été dans son rôle pour accueillir les opprimés. Il ne s’agit pas du tout de cela. La question n’est pas que l’Église catholique abrite des pauvres, mais plutôt le rôle joué par l’Église catholique en tant qu’institution et notamment par le pape pour favoriser l’immigration sous toutes ses formes. Le pape François et un pape qui pour la première fois vient d’un pays du tiers monde où on retrouve les communautés catholiques les plus nombreuses. Le pape doit bien sûr avoir un discours à l’égard de ces communautés catholiques là alors même que la pratique du catholicisme s’effondre en France et en particulier en Occident de manière générale.
Un biais sert au pape pour orienter son opinion ou ses déclarations sur la question migratoire.
Effectivement, il va davantage adresser un message à l’Afrique et à l’Amérique latine qui sont aujourd’hui les principaux foyers du catholicisme. En revanche, il fera moins attention aux catholiques occidentaux, français, italiens qui sont de moins en moins nombreux.
La géopolitique du Vatican prend en considération la présence des communautés catholiques en fonction du nombre de leur pratiquant à travers le monde. Dans cette perspective, la France fait partie des pays où le pape encourage la venue de migrants, car il sait très bien que de l’autre côté, il y a énormément de personnes de religion catholique qui sont demandeuses de venir en France.
Il va donc les favoriser. Par conséquent, on se retrouve dans ce genre de situations ubuesques où l’Église va être mise en première ligne pour accueillir des gens qui dès la genèse n’ont pas vocation à être chez nous.
Les dégradations anti-chrétiennes ont considérablement augmenté ces derniers temps. Pensez-vous que la hiérarchie catholique française a pris conscience de la gravité de la situation ?
Je pense que l’incendie volontaire d’une cathédrale par un migrant clandestin qu’elle accueille chez elle n’a pas fait prendre à l’Église catholique française des dangers et des conséquences potentiels d’une immigration massive et incontrôlée. Je ne sais pas ce qu’il leur faut. Il ne s’agit pas d’interdire de porter secours à des pauvres ou des miséreux qui seraient en train de taper à la porte des églises. Mais il s’agit pour l’Église catholique de prendre conscience que sous les phares avenants de l’humanitaire et de l’humanisme qu’on utilise et instrumentalise pour favoriser l’arrivée massive de migrants chez nous, se cache en réalité des logiques marchandes et profondément anti-humaine. Que pense l’Église catholique des migrants présents à Calais ou à la porte de la chapelle ? Est-ce la vision que l’on veut avoir de la France et du christianisme ?
Il faut interdire le plus possible et décourager l’immigration clandestine et l’immigration tout court. Ni la France ni l’Église catholique n’ont les moyens d’accueillir davantage de personnes.
Pour reprendre une phrase très juste de Margaret Thatcher, quand le bon samaritain est venu en aide à ce pauvre malheureux attaqué et dépouillé par des brigands, il avait les moyens de payer l’hôtel et les soins pour cette personne vulnérable et fragile. S’il n’avait eu aucun moyen, il aurait probablement passé son chemin pour bien d’autres raisons.
À partir du moment où on peut accueillir, j’entends par accueil, un accueil décent qui permet d’avoir les moyens non seulement d’arriver en France, mais aussi une économie florissante qui offre des emplois comme c’était le cas dans les années 50 et 60. Aujourd’hui, ce n’est plus le cas.
Les Français n’ont plus les moyens de tenir à bout de bras des centaines de milliers de personnes qui pour la plupart n’ont rien à offrir à la France, mais tout à y prendre. Nos services publics s’effondrent et notre économie va connaître un cataclysme suite à la crise du Covid. Si on a des moyens pour les migrants, ces moyens doivent être réorientés d’urgence vers nos besoins nationaux et nos citoyens. Il faut d’abord s’intéresser aux membres de sa famille avant de s’intéresser aux besoins du voisin.
Pensez-vous que l’Église catholique en France devrait s’exprimer publiquement sur les sujets de l’immigration ?
Oui, car l’Église catholique a un angle pour critiquer la question migratoire. Même les migrants clandestins recueillis par les bateaux au large des côtes libyennes ont payé beaucoup d’argent parfois même en s’endettant pour payer leur voyage. Il ne faut pas croire que ces gens-là sont recueillis comme cela et n’ont rien payé pour venir. D’après les études, ils ont payé entre 4000 et 6000 euros pour venir en Europe. Une fois installés en Europe, ils remboursent les prêts qu’ils ont faits dans leur pays.
Il y a là une exploitation de la misère humaine par des mafias bien organisées. Je ne vois pas pourquoi l’Église catholique ferme les yeux. Pour l’instant, l’Église catholique s’intéresse à la superficie épidermique de cet iceberg migratoire qui consiste à ne voir que les gens sur nos côtes. Je l’invite à avoir une analyse beaucoup plus approfondie et plus en aval de ce qui explique la présence de ces malheureux sur nos côtes parfois au péril de leur vie et de leur santé. Pourquoi l’Église catholique ne dit rien sur ces filières organisées qui jouent avec la vie des gens et qui les endettent pour leur promettre un eldorado qui n’existe pas ?
L’Église catholique doit prendre la question migratoire à bras le corps et arrêter cette vision de Bisounours qui consiste simplement à regarder ces pauvres malheureux s’échouer sur nos côtes et dire qu’il faut les aider. On les aide en amont avant de les aider en aval.