Article rédigé par Constance Prazel, le 02 juin 2020
Déconfinement oblige, il faut sortir de chez soi. C’est pour cette raison, sans doute, que Pierre Moscovici reprend du service et est engagé par Emmanuel Macron pour prendre la tête de la Cour des Comptes à la suite de Didier Migaud.
A quoi sert la Cour des Comptes ? La noble institution de la rue Cambon s’est fait une spécialité, depuis des décennies, de produire des rapports volumineux, précis et documentés, qui tirent la sonnette d’alarme sur l’état désastreux des comptes de la France, tout en n’étant suivi d’aucune espèce de mise en pratique. Ils viennent caler les armoires un peu partout dans les ministères et les administrations. La Cour des Comptes, disons-le très simplement, ne sert objectivement à rien. On peut le déplorer, car son diagnostic est souvent pertinent, mais c’est ainsi.
Ceci dit, la Cour des Comptes peut occasionnellement avoir quelque utilité, comme dans le cas présent. Elle permet de recycler un individu qui s’ennuyait pendant le confinement et qui dans le passé a particulièrement brillé par son inconsistance, voire sa nocivité répétée, comme ministre de l’Economie et des Finances de François Hollande, puis comme commissaire européen aux Affaires économiques et financières, de 2014 à 2019.
Pour parler familièrement, Pierre Moscovici fait partie de ceux qui ont quelques casseroles : il a été un instant mis en cause dans l’affaire Cahuzac, il s’est fait offrir des costumes de luxe par Arnys, le tailleur préféré de la classe politique, mais personne ne lui en tient rigueur : il n’est pas de droite, et il n’a pas essayé de se présenter à la présidentielle, lui. Cela ne l’embarrasse aucunement, a-t-il avoué à la presse : « ce sont de vrais cadeaux, faits par de vrais amis ». Il est certain que François Fillon, pour sa part, avait un certain nombre de faux amis…
Moscovici a aussi pour lui d’avoir une carrière politique terne et sans gloire, avec une jolie série d’échecs, aux législatives comme aux régionales ou encore aux municipales. Ce qu’on appelle un homme de terrain. Alors pourquoi ce choix de la part d’Emmanuel Macron ? Notre président a fait le choix d’une personnalité contestable et sans grand intérêt, parce qu’il sait que les comptes publics vont déraper dans les mois prochains, au-delà du raisonnable, avec la bénédiction de toutes les instances internationales, Covid-19 oblige. On va arroser les Français d’euros fabriqués pour l’occasion, pour tenter de masquer les soubresauts d’une économie moribonde, et tout cela n’aura aucune importance. Il est donc totalement superflu d’envoyer un signal de sérieux, de maîtrise de la dette, en confiant la surveillance des cordons de la bourse à une personnalité susceptible d’avoir la voix qui porte loin et capable de proposer des pistes intéressantes pour redresser la barre. Tout cela est parfaitement inutile par les temps qui courent !
Constance Prazel
Déléguée générale de Liberté politique