Article rédigé par Valeurs actuelles, le 25 mars 2020
Source [Valeurs actuelles] Alors que cinq soignants français sont déjà décédés du coronavirus, Agnès Thill, députée de l'Oise, rend hommage au premier de ces héros “morts pour la France”.
Dans cette lutte pour la vie, contre le COVID-19, nos soignants debout pour la France, le disent sur tous les tons : « restez chez vous. »
Une guerre, sans arme et sans violence, l’ennemi : le COVID-19.
Serial killer : un homme arrive debout à l’hôpital à midi, mort à seize heures, sans arme ni violence. D’une contagiosité redoutable, les puissances les mieux armées du monde sont des enfants démunis devant lui. Serial killer. On compte les morts par centaines, par milliers, on enterre à la chaine, sans famille : la guerre.
Nos soldats ? Nos blouses blanches. Sans treillis, sans arme ni fusil. Nus, devant l’ennemi.
Le premier est tombé, mort au combat : le docteur Jean-Jacques Razafindranazy, médecin urgentiste à l’hôpital de Compiègne, Oise. « Mort pour la France. » Voilà ce que nous devrions dire en évoquant son nom, chaque année. Retraité, il a repris du service, pour servir, sauver des vies, libérer l’homme de ses contraintes physiques qui l’empêchent de vivre pleinement.
Qui sommes-nous pour qu’ils donnent ainsi leurs vies pour nous ? Si seulement nous pouvions prendre conscience de nos préciosités individuelles pour en oublier nos haines et irrespects.
Ils accourent tous, ces drôles de militaires en blouses blanches, sans arme ni protection, ceux qui vouent leurs vies à sauver les autres. Le docteur Razafindranazy est mort. Il a donné sa vie pour sauver celle d’un autre. Tels nos héros des champs de bataille. D’autres ont suivi déjà, dans le Grand Est, médecins de ville ou autres, ils sont déjà cinq à ce jour, morts pour la France, d’autres suivront encore. Les médecins le savent. Nombre d’entre eux, en soignant, attrapent l’ennemi. Pourtant ils sont là. Jours et nuits. Épuisés. Déjà plus que 3 internes sur 5 dans un service, les externes prendront le relais. Ils sont tous là, hospitaliers ou pas, médecins, internes, externes, étudiants, infirmiers, aide-soignants, retraités, nos blouses blanches qui sacrifient leurs vies pour sauver celles des autres.
Médecins de ville ou autre, ils sont déjà cinq à ce jour morts pour la France
Il leur faudra reconnaissance.
On les applaudit, chaque soir à 20 heures, c’est beau, cela ne suffira pas.
Nombre d’entre eux tomberont pour nous. Il faudra leur rendre l’hommage éternel qu’ils méritent.
Celui dû à ceux qui sacrifient leurs vies pour les nôtres.
Lequel d’entre eux avait pensé un jour servir comme le font nos militaires ? Leur engagement était-il de donner leur vie pour celle des autres ? Étaient-ils préparés à cette guerre, à ce combat, à ce service ultime jusqu’au don de soi ? Formidables serviteurs de leur serment.
Nous, insouciants, irresponsables, on sort parfois. Notre pays merveilleux où notre liberté est notre plus beau droit doit aussi comprendre qu’on a le droit de vivre, sans être tué par notre semblable COVID. Bien sûr, on n’a pas tous saisi immédiatement l’ampleur de la situation. Mais maintenant que nos concitoyens tombent par centaines, par milliers, et même nos militaires en blouses blanches… Sans arme ni fusil, nus devant l’ennemi :
Étaient-ils préparés à cette guerre, à ce combat, à ce service ultime jusqu’au don de soi ? Formidables serviteurs de leur serment.
Restez chez vous.
Les comptes se feront plus tard. Pourquoi une telle nudité ? Pourquoi si peu de moyens ? Et depuis des mois qu’ils appellent au secours, Urgences et hôpitaux en détresse ? L’heure n’est pas à la polémique mais au combat. L’ennemi est invisible, et en nous. Comme toujours. Cette fois il nous décime. Les responsabilités, les torts, les retards, les manques, les priorités, les négligences, les non-dits, les ambiguïtés, se règleront plus tard.
Il faudra bien rendre des comptes aux citoyens.
Il faudra bien rendre des comptes à nos blouses blanches.
Puissions-nous nous souvenir de leur dévouement jusqu’à l’ultime.
Hommage à eux.
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