Article rédigé par François Billot de Lochner, le 13 mars 2020
Après plusieurs semaines de montée en puissance de la pandémie, le président Macron a fini par se prêter à l’exercice officiel de l’allocution télévisée, pour tenter, à quelques jours des municipales, de rassurer son opinion et d’apparaître comme un authentique chef d’Etat. Le résultat ne fut pas particulièrement convaincant, malgré ses tentatives répétées pour prendre de la hauteur.
Un long, trop long discours : selon la formule consacrée, jamais le général de Gaulle ne nous aurait expliqué comment nous laver les mains ! L’exercice fut fastidieux. Macron le jeune a essayé d’endosser le rôle de père de la nation, un rôle qui lui sied bien mal. Les Républicains, eux, n’ont pas pu s’empêcher de saluer la qualité de sa prestation, oubliant une fois de plus qu’ils sont censés être un parti d’opposition…
La fermeture des écoles a donc été décidée. Il est bien aisé de se rire de la désorganisation italienne, pour emprunter ensuite, avec retard et donc une efficacité moindre, le même chemin, alors que Jean-Michel Blanquer jurait ses grands dieux, quelques heures avant le discours présidentiel, que la fermeture intégrale des écoles n’était pas à l’ordre du jour. On fermera donc écoles, collèges, lycées et universités, mais « en même temps », rien n’est prévu pour tant d’autres lieux publics, les transports, les bars, ou les cinémas. Ne parlons pas des élections municipales, qui seront pourtant un joli vecteur de contagion… et encore moins des mosquées, et surtout pas des frontières ! Emmanuel Macron tente de dissiper la panique, de jouer la souplesse et les aménagements sur le plan social et fiscal, prend acte de notre insigne faiblesse économique et de notre extrême dépendance industrielle, mais ne remet nullement en cause le paradigme mondialiste qui est à l’origine de cette faiblesse et de cette dépendance. Il y a fort à parier que cette remise en cause n’aura jamais lieu.
Les mécanismes précis de contagion du virus restent encore bien mal connus, et nous ne disposons évidemment que d’une part infime des informations. Mais nous ne pouvons que rester perplexes devant les mouvements de panique irrationnels qui se succèdent depuis quelques jours – comment expliquer que le CAC 40 ait pu chuter ainsi de plus de 12 %, la baisse la plus spectaculaire de son histoire récente, quand tant d’autres causes de mortalité font chaque jour de multiples victimes qui ne suscitent aucune espèce de réaction chez les traders ?
De fait, l’épidémie nous renseigne sur les travers bien tristes de notre temps. Emmanuel Macron fustige le « repli nationaliste » des pays qui contrôlent les entrées et les sorties sur leur territoire… mais est bien en peine de proposer d’autres moyens efficaces pour limiter la contagion. Le président souhaite protéger les plus âgés… mais les voue à une mort lente dans la solitude et l’abandon en assénant sans aucune précaution qu’il faut cesser d’aller les voir. Les membres du haut-clergé se montrent empressés à protéger leurs ouailles en fermant les églises et en clouant les bénitiers… mais oublient, pour nombre d’entre eux, de rappeler la force de la prière.
Dans le torrent de tout et de n’importe qui nous inonde chaque jour par la grâce de nos bienveillants médias, il importe de garder espoir : de tout temps, les crises profondes ont été l’occasion de purges, afin de revenir à l’essentiel, et de discerner quelle est l’essence de notre société et de notre civilisation, et les véritables équilibres que nous souhaitons voir préserver. Nous ne nous faisons guère d’illusions sur la capacité de discernement profond de notre chef de l’Etat, mais pour chacun d’entre nous, voilà une occasion de plus de faire le tri et d’y voir clair sur les failles du système dominant et ses fausses valeurs.
François Billot de Lochner
Président de Liberté politique, du collectif France Audace et de Stop au porno