Article rédigé par Causeur, le 18 février 2020
Source [Causeur] Le changement sémantique voulu par Emmanuel Macron démontre que les dirigeants français errent complètement, alors que monte la menace islamiste sur notre sol. L’analyse de Céline Pina.
Face aux attentats, violences et tensions qui traversent notre société, le Président de la république n’a pas été avare de plans. On nous a d’abord vendu en fanfare des plans contre la radicalisation, on les a même relancés. Sans succès. On nous a dit alors qu’on allait voir ce qu’on allait voir et que le gouvernement allait lancer un plan contre le communautarisme. On n’a rien vu. Aujourd’hui, tout le monde attend avec impatience le nouveau nouveau plan. Contre le séparatisme cette fois-ci. Le problème c’est que pour l’instant toutes ces annonces n’impulsent aucune dynamique et n’obtiennent pas de résultats. Au moins l’analyse du bilan n’est-elle pas épuisante : ces plans sont en général des coquilles vides qui ne servent qu’à mettre en scène une volonté politique, celle-ci tenant lieu d’action concrète et permettant de faire durer l’immobilisme comme de faire patienter le peuple jusqu’au prochain attentat, au prochain meurtre, au prochain scandale, à la prochaine adolescente chassée de son lycée par une meute fanatisée…
Radicalisation, communautarisme, séparatisme… L’impossibilité à déterminer le vocabulaire le plus approprié témoigne de la superficialité des analyses comme de la réticence à agir réellement. Les changements sémantiques ne sont jamais innocents. Les errements sémantiques non plus. Ils révèlent l’absence de doctrine, autrement dit de vision partagée sur un sujet entraînant des logiques d’action. En d’autres mots : « ce qui se pense clairement s’énonce clairement » et non seulement les mots pour le dire « viennent aisément » mais ils permettent surtout d’entreprendre, de créer et d’accomplir.
Là ce n’est pas le cas. Pourquoi ? Parce que le président de la République fait tout pour éviter le seul terme qui explicite ce que nous affrontons en tant que peuple et société politique : l’islamisme. Il faut à tout prix éviter le mot avec « islam » dedans. Les termes radicalisation, communautarisme et séparatisme visent à s’en approcher sans l’assumer totalement. Ils avaient vocation à envoyer un double signal : dire à la société française qui depuis 2015 connait les assassinats de masse liés au jihad et les revendications agressives liées à l’islamisation des quartiers que leurs dirigeants n’étaient pas totalement déconnectés, et en même temps, en évacuant le terme islam, préserver ses relations clientélistes dans les quartiers et avec les leaders de l’islam politique ou consulaire (CFCM, Musulmans de France (ex UOIF), CCIF…).
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