Article rédigé par Boulevard Voltaire, le 14 janvier 2020
Source [Boulevard Voltaire] Il va sans doute y avoir bon nombre de réactions à propos de la nouvelle chanson de l’humoriste Frédéric Fromet, de France Inter.
Il réagissait à l’interdiction du film La Première Tentation du Christ émise au Brésil par le juge Benedicto Abicair de Rio de Janeiro en deuxième instance. Le magistrat a expliqué qu’il avait pris cette décision à la demande de l’association catholique Centro Don Bosco de la Fe y la Cultura, afin de « calmer les esprits » au sein de « la communauté chrétienne et la société brésilienne » jusqu’à une décision de justice sur le fond de l’affaire. Cette fiction proposée par Netflix met apparemment en scène un Jésus-Christ qui entretiendrait une relation gay. Visiblement très concerné par les problématiques sociétales du Brésil, Frédéric Fromet a ainsi composé une œuvre engagée. Citons l’artiste :
« Jésus, Jésus, Jésus est pédé !/Membre de la LGBT,/Du haut de la croix, pourquoi l’avoir cloué ?/Pourquoi pas l’avoir enculé ? »
D’un côté, on invoquera la liberté d’expression des intellectuels et des humoristes qui ne saurait avoir de limite.
De l’autre bord, on exprimera la honte ressentie à l’écoute de ces paroles. Certains croyants y verront une véritable outrance, une offense.
D’autres, peu pratiquants mais se reconnaissant de culture chrétienne, n’apprécieront pas. Ils avanceront que cette façon de cracher sur la chrétienté contribue très largement à la dégradation des valeurs, des traditions et à la difficulté de transmettre la culture française aux jeunes générations, une culture foncièrement ancrée dans ses racines catholiques.
Beaucoup de non-croyants trouveront que, tout de même, c’est un peu facile de toujours taper sur la religion catholique, qu’on n’y risque pas grand-chose en France. Les églises sont, de toute façon, régulièrement vandalisées aux quatre coins du pays, alors finalement, on peut bien cracher sur la Bible et son Dieu en toute impunité. Pour un véritable provocateur, ce serait presque insatisfaisant.
Le mélomane restera sur sa faim. L’économe regardera, quant à lui, sa feuille d’impôt puisque Radio France est financée à 80 % par la contribution à l’audiovisuel public dont la redevance s’élevait à 577 millions d’euros en 2017.
Enfin, il est fort probable que beaucoup d’homosexuels trouvent cette provocation bien inutile puisqu’ils disposent, en France, des mêmes droits que les hétérosexuels et que les agressions dont ils sont victimes ne sont pas revendiquées au nom de la religion chrétienne.
Tout cela n’est pas faux. Personnellement, j’aurais simplement une seule chose à dire à Frédéric Fromet et aux humoristes de France Inter. Si votre but est de provoquer les religions monothéistes au nom de la liberté d’expression et de défendre les causes des minorités, oseriez-vous nous faire une belle chanson comme ça, mais en changeant simplement le nom du prophète ?